Un groupe de docteurs et de docteurs-chercheurs continuent leur grève de la faim entamée depuis 11 janvier courant dans le hall du siège du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, exprimant ainsi leur désespoir face au blocage de leur situation après un sit-in de plusieurs mois, pour revendiquer du travail.
Les docteurs sans emploi dont le nombre est estimé à 4500 souhaitent, après des d’années d’effort et de sacrifices, sortir de leurs conditions de vie marquées par la précarité et des difficultés financières insoutenables.
Rouvrir le concours national pour le recrutement des enseignants universitaires, supprimer les contrats précaires pour les remplacer par des contrats dignes, telles sont les principales demandes des docteurs au chômage. Mais, l’inertie des autorités est totale…
Tout le problème réside, officiellement du moins, dans le fait que la situation des comptes publics ne permet pas de les recruter. Toutefois, ces mêmes comptes permettent, bizarrement, la régularisation de la situation de milliers de travailleurs de chantiers ainsi que des augmentations salariales importantes pour certains hauts fonctionnaires allant jusqu’à 1400 dinars par mois….
Officiellement, le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’élève pour 2021 à 1864,5 millions de dinars (568 millions d’euros), en hausse de seulement 2,57% par rapport à l’année dernière.
Toujours selon le document du budget, les dépenses de rémunération ont augmenté de 3,54% à 1315 millions de dinars. Les dépenses de gestion, quant à elles, sont en très légère hausse, de 1,868 millions de dinars à 129,6 millions de dinars, alors que les dépenses d’investissement ont connu une stabilité à hauteur de 170 millions de dinars.
Ces chiffres dérisoires, pour un domaine clé de la société, montre à quel point les autorités négligent le savoir en Tunisie.
Le président de la République a rendu visite au ministère aux docteurs en grève de la faim le 16 janvier, cependant cette visite a été considérée par les grévistes comme « tardive et accompagnée d’un discours « creux ».
La Commission de la jeunesse, des affaires culturelles, de l’éducation et de la recherche scientifique à l’ARP a décidé d’organiser une séance d’audition afin d’écouter les revendications des docteurs et doctorants au chômage, hier jeudi 28 janvier 2021.
A cette occasion, les membres de la Commission ont annoncé être prêts à aborder la question sous deux angles, soit en proposant une initiative législative, soit en organisant une séance de travail avec la Présidence du gouvernement pour suivre ce dossier.
Une réunion a eu lieu, mercredi 27 janvier, entre la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et une délégation représentant les docteurs en grève de la faim au siège du ministère. Peu de chance pour que la protestation des docteurs chômeurs aboutisse pourtant, faute de soutien politique réel.
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