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Peut-on sauver Tunisair ?

Peut-on sauver Tunisair ?

L’affaire du limogeage de Olfa Hamdi annoncé ce lundi 22 février 2021, deux mois à peine après sa nomination en tant que PDG de  Tunisair continue à défrayer la chronique.

Au fait, Moez Chakchouk Ministre du Transport et de la Logistique vient de déclarer aujourd’hui à une radio privée que la situation de Tunisair est difficile et que le ministère assume sa responsabilité pour redresser les équilibres de la compagnie tout en affirmant que l’autorité de tutelle tient à la vocation d’entreprise publique de Tunisair et la pérennité de son exploitation.

Chakchouk a regretté, dans sa déclaration, la concentration de Olfa Hamdi sur des questions qu’il a qualifiées de secondaires et sur les réseaux sociaux malgré la volonté du ministère de donner une chance à la jeunesse et à la femme pour diriger des entreprises de taille et de valeur en Tunisie.

Cependant, le ministre a assuré que d’importants efforts ont été déployés pour lever la saisie-arrêt sur les comptes de la compagnie et que la flotte de celle-ci sera renforcée par 14 à 17 appareils d’ici l’été tout en déclarant que le gouvernement débloquera 60 millions de dinars (18 millions d’euros) pour payer les dettes des fournisseurs, notamment ceux qui ouvrent au niveau de la maintenance des appareils.

Mais il semble que les autorités n’ont pas réellement les moyens de réaliser toutes ces ambitions. En effet, les indicateurs de la Bourse de Tunis montrent des défaillances au niveau des équilibres financiers fondamentaux de Tunisair, notamment en ce qui concerne le déficit de liquidité et l’endettement. Les recettes du transport ont régressé sur l’année 2020 de 95% et la société a transporté près de 23 mille voyageurs seulement.

De surcroît, la compagnie fonctionne actuellement avec seulement 7 à 8 avions et certains observateurs allèguent que cette situation « inédite » libère la voie aux compagnies concurrentes pour conquérir irréversiblement le marché du transport aérien en Tunisie.

Les derniers chiffres actualisés de deux rapports publiés consécutivement en mai et juin 2020 sur la situation des entreprises publiques et leur niveau d’endettement par le ministère des Finances montrent que le capital de Tunisair est négatif (-433 millions de dinars) avec des dettes de 2700 millions de dinars auprès des tiers, dont 1065 millions de dinars de dettes bancaires.

Cette situation financière difficile veut tout simplement dire que  Tunisair n’a plus de crédit pour honorer ses engagements après la consommation de son capital devenu négatif et qui est le gage ultime de solvabilité. Seule une intervention énergique de l’Etat pour injecter des fonds conséquents pourrait limiter les dégâts en attendant la fin de la crise de la COVID-19 qui a touché de plein fouet le transport aérien dans le monde.

Un plan social pour alléger l’effectif pléthorique de la compagnie n’est pas impossible, malgré la pression que subissent les caisses sociales. Toutefois, l’intervention de l’Etat peut se faire attendre faute de moyens, du moins actuellement.

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