Economie

Agriculture : le nouveau ministre pourra-t-il mettre fin aux agissements de la mafia de l’alimentation animale ?

Agriculture : le nouveau ministre pourra-t-il mettre fin aux agissements de la mafia de l’alimentation animale ?

 

Mahmoud Elyes Hamza nommé le 11 octobre 2021, au poste de ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a fait un long parcours en tant que professeur en génie rural.

Lors de la cérémonie de sa prise de ses fonctions le 12 octobre 2021, le nouveau ministre s’est engagé à relever les défis auxquels se heurte le secteur notamment la raréfaction de l’eau, la cherté des intrants agricoles et l’amélioration de sa capacité de production.

Parmi les défis urgents auxquels M. Hamza devra confronter pour sauver le secteur, on trouve la spéculation et le monopole qui le gangrène.

Au fait, depuis une longue période, les agriculteurs et les parties qui les représentent en l’occurrence, le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) n’ont cessé de dénoncer la pénurie et les augmentations successives et excessives des prix des aliments composés pour animaux (mélanges alimentaires) destinés aux bovins, ovins et aux volailles. Le syndicat a assuré, à maintes reprises, que les augmentations sont devenues quasi mensuelles, « aléatoires » au point d’exposer le secteur à la faillite.

Les agriculteurs et le SYNAGRI sont allé même jusqu’à considérer ce qui se passe comme une « destruction organisée » du secteur de l’élevage en Tunisie et de la sécurité alimentaire du pays ce qui causera, certainement, et dans la une courte période la « disparition » d’environ 100 mille petits et moyens éleveurs des différentes filières du secteur.

Notons au fait, que le problème du monopole de la vente des aliments pour animaux d’élevage par quelques sociétés a déjà écrasé des milliers de petits agriculteurs.

L’« absence » de tout contrôle des autorités des marges commerciales de ces sociétés et la non-classification par les pouvoirs publics des aliments composés tels que le Soja et le Maïs dans la nomenclature des produits alimentaires de base, risquent de détruire définitivement les petits éleveurs qui contribuent à hauteur de 80% de la production alimentaire du secteur et les pousser à la faillite.

Par ailleurs, plusieurs observateurs et spécialistes du domaine n’ont cessé d’alerter quant à la dangerosité de l’accaparation par 12 sociétés dont 7 appartenant à un « grand groupe » de 80% des importations des aliments composés pour animaux.

Ces sociétés dominent en fait non seulement le marché de l’importation mais aussi la production de viande à travers leurs filiales. Elles sont ainsi dans une situation de monopole en amont et en aval du secteur, dans son ensemble. Les agriculteurs et notamment « les petits » sont devenus de simples sous-traitants chez elles…

Mieux encore, les organismes officiels chargés de la distribution de l’alimentation animale, en principe selon des normes bien définies et des quotas, ont été accusées de laxisme par les agriculteurs vu l’anarchie régnante.

Bien que des solutions existent pour l’encouragement de la production et l’importation des aliments pour animaux jadis prospère, les deux ministères, celui du Commerce et celui de l’Agriculture ont fait durant ces dernières années la sourde oreille aux appels de détresse des agriculteurs qui souffrent des pénuries en intrants et en fourrage dues aux agissements des bandes criminelles qui ont pu maitriser tous les circuits de production et de distribution pour spolier les producteurs que les consommateurs.

Le trafic de bien rodé ces gangs gangrène tout : alimentation de bétail, engrais, semences, approvisionnement des marchés, financement usurier des petits agriculteurs, distribution des cartes professionnelles aux agriculteurs, etc. en détruisant les petits éleveurs, ces gangs finiront certes, par interdire à la population l’accès à la viande à moyen terme.

Malgré la difficulté de la tâche, espérons que le nouveau ministre de l’Agriculture et professeur universitaire puisse combattre ces gangs et rétablir les équilibres de sécurité alimentaire nationale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut