Economie

Les dessous de la chute de la participation étrangère à la Bourse de Tunis

Les dessous de la chute de la participation étrangère à la Bourse de Tunis

Selon le bilan d’activité de la Bourse de Tunis publié récemment, durant l’année 2021, le volume global des échanges sur le marché boursier a enregistré un repli de 8% pour atteindre 2585 millions de dinars (MD).

On indique, par ailleurs, que les acquisitions effectuées l’année dernière par les étrangers sur les titres cotés, ont totalisé un montant de 53,3 MD contre des cessions de 330,7 MD ; ce qui a fait ressortir un solde net négatif de 277,4 MD.

D’après les données révélées par le bilan d’activité boursière 2021, la part détenue par les étrangers est passée à 5374 MD représentant 23,10% de la capitalisation globale du marché contre 5831 MD et une part de 25,25% en 2020, soit une baisse de 2,15% correspondant à 457 MD.

Certes, la baisse globale des investissements sectoriels imputée à la détérioration du climat des affaires notamment ces dernières années explique largement la chute de l’investissement en portefeuille boursier mais d’autres facteurs structurels sont à l’origine de la dégringolade de la participation étrangère à la Bourse de Tunis.

Une note de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises fait revenir la faible attractivité du marché financier aux investissements étrangers de portefeuilles en actions et en obligations à deux facteurs, à savoir un contrôle de change excessif pour les investisseurs étrangers sur les marchés, principal et alternatif, des titres de capital sur la cote de la bourse et un faible taux de souscription autorisé pour les investisseurs étrangers sur le marché obligataire de la cote de la bourse.

Sous cet angle, on assure qu’en effet, la réglementation de change sur les marchés, principal et alternatif, des titres de capital sur la cote de la bourse, n’a prévu que quelques mesures de desserrement du contrôle de change pour les investisseurs étrangers.

En dépit du fait que depuis plusieurs années, les investissements de portefeuille en actions conférant un droit de vote ne sont plus soumis à l’approbation de l’ancienne commission supérieure d’investissement mais ne sont libéralisés qu’à hauteur de 50% seulement pour les sociétés cotées.

En revanche, au Maroc ou en Egypte, les investisseurs étrangers peuvent détenir jusqu’à 100% du capital des sociétés cotées et sans aucune autre restriction sur les choix sectoriels. En Tunisie, certains secteurs demeurent fermés à la participation étrangère tels la distribution et le secteur financier (sauf autorisation de la Banque Centrale de Tunisie – BCT).

D’un autre côté et bien que la réglementation de change ait prévu certaines mesures de desserrement du contrôle de change pour les investisseurs étrangers, il subsiste, d’après l’IACE, plusieurs autres restrictions aux souscriptions des investisseurs étrangers sur le marché obligataire de la cote de la bourse.

Au fait, depuis 2003, une autorisation a été accordée aux investisseurs étrangers d’acquérir des bons du trésor dans limite de 5% de chaque ligne, avec une garantie de transferts des fonds placés à ce titre. En 2005, cette autorisation fût augmentée à hauteur de 10% des émissions et d’ailleurs élargie au même taux aux étrangers non-résidents pour souscrire, pour chaque ligne d’émission au moyen d’une importation de devises, aux obligations émises par les sociétés cotées en bourse ou ayant obtenue une notation.

En 2007, une dynamisation supplémentaire du marché obligataire a été introduite par le relèvement du taux de souscription autorisé des étrangers dans l’émission des titres publics et des obligations des sociétés résidentes ou notées jusqu’à 20% des encours par ligne d’émission.

Néanmoins, outre l’accès avec restrictions des investisseurs étrangers au marché primaire, même un relèvement additionnel des taux de souscriptions autorisés ne permettra pas d’attirer les capitaux étrangers tant que le marché secondaire des titres de dettes publiques ou privées n’est pas développé, précise la note de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises.

D’autre part, les non-résidents ne peuvent souscrire aux titres de dette émis par l’Etat, aux obligations du trésor ou aux titres de dette émis par les entreprises résidentes qu’après approbation dans la limite prévue par la réglementation à savoir 20% des encours par ligne d’émission, ce qui réduit fortement les transferts de revenus (remittances) et affaiblit incontestablement la capacité de la balance des revenus à financer le déficit courant comme c’est le cas par exemple au Maroc, martèle l’Institut.

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