Economie

Analyse – Le dinar tunisien résiste, mais pas sans dangers

Analyse – Le dinar tunisien résiste, mais pas sans dangers

Le dinar tunisien continue à résister face aux devises étrangères malgré la crise économique et les pressions financières sur les réserves de change, et ce grâce à une politique monétaire restrictive conduite par la banque centrale de Tunisie.

L’institut d’émission tient à ne pas financer le budget, tandis qu’on met toujours en garde contre une baisse du prix du dinar et la montée vertigineuse de l’inflation en cas d’incapacité de la Tunisie à mobiliser des ressources financières suffisantes pour rembourser les emprunts extérieurs et sécuriser les importations alimentaires et énergétiques.

La Banque centrale met en garde

Récemment, la Banque centrale de Tunisie a mis en garde contre les pressions inflationnistes dues à l’aggravation du déficit commercial, et les répercussions néfastes de la guerre russo-ukrainienne. La banque centrale a évoqué les répercussions attendues de la hausse des prix des produits de base sur le marché mondial sur les entreprises tunisiennes, la sécurisation de la production et des prix des produits de base au marché intérieur et les risques éventuels de ces pressions, outre le taux élevé enregistré pour l’inflation intérieure. 

Le taux de change moyen du dinar entre les banques révèle que sa valeur n’a pas baissé face à l’euro et au yen japonais durant la période comprise entre mars 2021 et le mois de mars courant. Toutefois le dinar a connu une baisse significative face au dollar.

Le taux de change par rapport à l’euro s’est amélioré de 0,82% en se référant au taux de change du 17 mars 2021, qui était estimé à 3,28 dinars, contre un taux de change de 3,26 dinars le même jour du mois en 2022. Le taux de change du dinar par rapport au yen japonais a également enregistré une amélioration de 1,8%.

Baisse du dinar

Le dinar tunisien a enregistré une baisse par rapport au dollar et a perdu 6,9 % de sa valeur entre le 17 mars 2021 et la même date de cette année, le taux de change est passé de 2,76 dinars à environ 2,96 dinars. Il est probable que la baisse du prix du dinar par rapport au dollar américain entraînera à la baisse du reste des devises, en raison des pressions sur les réserves de change et de la marge de manœuvre limitée de la Banque centrale à adopter une politique de stabilisation du cours de change de la monnaie nationale.

Il est également certain que la stabilité du cours du dinar malgré la crise économique est le résultat de la décision de la Banque centrale de Tunisie de ne pas toucher aux réserves de change qui s’élèvent à 23 milliards de dinars. La Banque centrale pratique une politique relativement restrictive sur certaines importations pour préserver la valeur du dinar, surtout que les réserves de change sont orientées vers l’approvisionnement en matières premières et le paiement des tranches des dettes extérieures, alors que depuis plus de deux ans, les importations des équipements destinés à l’investissement ont été limités.

Certaines institutions financières internationales ont prédit dans des rapports d’évaluation que le dinar tunisien perdrait un pourcentage important de sa valeur par rapport aux principales devises étrangères (le dollar, l’euro et le yen japonais), pourcentage que l’on peut estimer supérieur, selon l’évolution des indicateurs actuels, aux 10%.

La stabilité du taux de change du dinar dépend de la mise à disposition de ressources pour financer le budget et payer les échéances des dettes étrangères, bien que tous les indicateurs indiquent l’existence de risques importants pouvant conduire à une chute rapide du prix du dinar au cours du second semestre de l’année en cours et une inflation galopante.

Pressions inflationnistes

Le taux d’inflation s’est élevé à 6,7% au mois de janvier dernier, contre 6,6% en décembre 2021, dans un contexte des craintes croissantes d’hyperinflation évoquée par la Banque centrale de Tunisie, sachant que tous les indicateurs économiques et financiers montrent que l’inflation ne reculera pas dans la période à venir.

Le fléau de la montée de l’inflation est dû au déséquilibre entre l’offre et la demande, qui a transformé l’économie en une économie de rareté et la poursuite de la spirale de hausse des prix et des salaires, en plus d’autres facteurs structurels et conjoncturels qui contribuent à créer une inflation croissante à caractère global et rampante, en raison de la faible croissance et des effets de la guerre russo-ukrainienne qui aggravent l’inflation suite à la hausse de tous les produits de base importés et de l’impact du blocage des chaînes de production sur la hausse des prix de l’énergie et des coûts de transport, ainsi qu’à la raréfaction des produits de base.

A cet égard, on s’attend à ce que les difficultés économiques s’aggravent du fait des prix élevés et de l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat qui se dégrade.

Risques de liquidité

Les prévisions officielles de la Banque centrale de Tunisie indiquent que le cours moyen du dinar face au dollar sera de l’ordre de 2,99 dinars au cours des trois prochains mois et de 3,03 dinars d’ici six mois. En revanche, le taux de change de l’euro sera de l’ordre de 3,31 dinars au cours des trois mois et de 3,37 dinars au cours des six prochains mois.

Dans un rapport publié la semaine dernière, l’agence Fitch Ratings a déclaré que la Tunisie est confrontée à des risques liés à la liquidité financière extérieure compte tenu du retard croissant dans l’accord sur un nouveau programme avec le Fonds monétaire international, et a estimé que le programme financier avec le FMI est nécessaire pour obtenir un soutien budgétaire de la part des créanciers.

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