Ittaakhalof, c’est culturel. Tout une culture. Plus grave, un état d’esprit. Beaucoup nous avait un peu moqué quand nous avions une fois soutenu que la « greffe » de la démocratie ne prendra jamais de la sorte dans le grand labo qui était devenu la Tunisie depuis aujourd’hui un peu plus de dix ans.
Ittaakhalof, c’est aussi parfois céder à la fatalité. Dire que c’est ainsi, et de toute manière ce sera ainsi, ne même pas chercher à comprendre pourquoi c’est ainsi.
Sans franchement être une forme de soumission volontaire, l’aliénation est avant tout un état d’esprit. En clair, une inouïe capacité de d’effacer en présence du maître ou supposé l’être.
C’est très tunisien du reste, un tel état d’esprit. Vers 14h 30, à la sortie des bureaux de la Kasbah et de ses très larges ramifications, il n’est pas rare de voir un haut fonctionnaire se chamailler pour une baguette à l’entrée d’une boulangerie. Chose inouïe : la masse tout en sueur qui fait déjà la queue est la première prompte à lui ouvrir le passage pour…une baguette.
Hier 13 août , fête de la femme. Au perron du palais du Gouvernement à la Kasbah, la cheffe du Gouvernement, Nejla Bouden, à la tête vraiment pleine, recevait Mme Ichraf Chbil, épouse du président de la République. L’illustre hôte avait eu droit à tous les honneurs dignes d’une « régente » diront certains ( et ils l’ont dit).
Elle a prononcé un discours ( en arabe) en hommage à la femme tunisienne. Les mauvaises langues , surtout parmi les femmes dites progressistes, n’avaient retenu que le ton saccadé du discours. Elles n’y ont pas vu une certaine assurance en substance quant à l’acquis et des droits des femmes…
Cela étant, demeure une question : être « Première Dame », est-ce une fonction ou un statut ?
Et une autre, somme toute absolument subsidiaire : quand, en vertu de la nouvelle Constitution, aurons nous un Premier ministre, homme ou femme indifféremment ?
Jawhar Chatty
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