Economie

Tunisie : L’énigme de la filière laitière

Tunisie : L’énigme de la filière laitière

Il n’y a pas très longtemps, la Tunisie enregistrait un surplus de production de lait. Comme par hasard, le pays peine aujourd’hui à satisfaire sa propre consommation. Ce qui se passe, en réalité, n’est que le résultat d’une politique de destruction de la filière qui a duré des décennies.

Depuis plusieurs mois, les consommateurs éprouvent toutes les difficultés du monde pour se procurer un paquet de lait. L’inflation et les pénuries alimentaires compliquent le quotidien de la population.

Parcours accidenté

Le lait fait partie des produits difficiles à trouver dans les rayons des magasins. En effet, la filière ne parvient plus à absorber la consommation d’1,8 million de litres par jour. Selon des chiffres officiels, elle n’atteindrait qu’1,2 million de litres maximum. En conséquence, les magasins rationnent la vente.

Le président de la République, Kaïs Saïed, a évoqué, lors de sa visite, mercredi 20 décembre courant, à une usine d’embouteillage d’eau et de jus, à Zaghouan, des soupçons de corruption dans le processus de liquidation de la Société Tunisienne de l’Industrie Laitière « STIL », l’un des acteurs majeurs et historiques de la filière laitière en Tunisie.

Il a assuré que des preuves montrent l’existence de manœuvres de corruption dans le dossier depuis 2002 et que la faillite de la société a été provoquée sous couvert de sa privatisation ce qui a permis de s’emparer de ses locaux, de ses biens et de ses comptes courants.

Néanmoins, il convient de signaler que depuis quelques années, le secteur laitier connait des crises à répétition notamment en ce qui concerne la production au niveau des éleveurs. Au fait, pour assurer une bonne production, la vache de race laitière a besoin d’une importante quantité de la ration de base complétée, en fonction de la production quotidienne de lait, par de grandes quantités de concentrés constitués de céréales, de tourteaux et de minéraux.

Carences et lacunes

Les difficultés, carences et les lacunes sont nombreuses et se rapportent souvent à une conduite technique approximative et un rationnement alimentaire souvent inadéquat avec carences et insuffisances multiples.

Également, les charges sont importantes, à commencer par le prix des génisses ainsi que les frais de production et de soins. Les performances sont médiocres, la rentabilité est faible et le secteur est peu attrayant.

La traite, la collecte et le transport du lait posent également des problèmes surtout en été avec la hausse de la température et la multiplication exponentielle des germes et l’acidité du lait.

Chaine de valeur endommagée

De nombreux éleveurs ont dû abandonner l’élevage et se débarrasser de leurs bêtes au bonheur des spéculateurs qui les récupéraient à bas prix soit pour les écouler, à travers les circuits de la contrebande, dans les pays voisins soit comme animaux à viande.

Il est temps que les autorités de tutelle trouvent la solution adéquate. Il est vrai que le choix est difficile, soit sauver la filière soit ne rien faire et courir le risque de la voir bientôt disparaitre avec toutes les retombées socio-économiques. On serait alors obligé d’importer en devises du lait et des produits laitiers.

Il serait préférable, afin d’assurer la pérennité de la filière, de la soutenir et d’aider les éleveurs. La décision d’une augmentation sensible du prix du lait au niveau de la production est cruciale, soit avec majoration du prix pour le consommateur soit sans majoration en faisant appel à la caisse de compensation.

Données clés de la filière

Le secteur laitier occupe une place importante et joue un rôle important les plans économique et social. Le nombre d’éleveurs laitiers est estimé à 112 000 éleveurs, la plupart de moyens et de petits éleveurs. La filière lait comprend les producteurs, des centres de collectes et des industriels. On compte :

  • 237 centres ayant l’agrément sanitaire
  • 11 centrales laitières ayant une capacité de 3 millions de litres
  • 45 unités industrielles de transformation du lait
  • 2 unités de séchage du lait avec une capacité de 300 000 litres.

A côté, il faut citer également les fabricants d’aliments concentrés, les vétérinaires et inséminateurs et de nombreux autres petits opérateurs comme les laitiers, les transporteurs…

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