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Affaire des déchets italiens : Pourquoi les noms des vrais responsables ne seront jamais révélés ?

Affaire des déchets italiens : Pourquoi les noms des vrais responsables ne seront jamais révélés ?

Hier, lundi 16 novembre 2020, les membres de la commission parlementaire de la réforme administrative, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption ont effectué une visite de terrain au port commercial de Sousse pour voir de près les conteneurs des déchets importés d’Italie au sujet desquelles des enquêtes judicaire, parlementaire et administrative ont été ouvertes.

Les images qui ont été largement relayés par les médias ont fait état d’un spectacle sordide et choquant. En effet, les conteneurs ouverts contiennent des déchets dangereux difficilement identifiables, chimiques, hospitaliers et non-recyclables. Le choc des tunisiens est immense quant au laxisme, les complicités de tout bord pour qu’un crime aussi affreux puisse être perpétré.

Récemment, les services de la Douane ont annoncé, dans une communication très réservée, qu’il a été demandé à la société importatrice de présenter un document prouvant l’autorisation du gouvernement tunisien de l’opération de l’importation, tout en précisant, dans un flou total, que le document en question ne comportait aucune signature du ministère de l’Environnement…

Rappelons qu’une chaîne de télévision privée a mis au jour le 2 novembre courant une affaire de corruption inédite relative à l’importation par une société d’importantes quantités de déchets, hospitaliers et autres en Tunisie, à partir de l’Italie, officiellement pour être recyclées. Il s’agit de 70 conteneurs de déchets, qui sont déjà arrivés. Plus de 212 autres sont en attente au port de Sousse.

Le ministère des Affaires locales et de l’Environnement a réagi sur le tard en annonçant l’ouverture d’une « enquête » comme s’il n’était pas au courant de ce marché qui porte annuellement sur l’importation de 120 mille tonnes de déchets pour une somme dérisoire d’environ 5.76 millions d’euros soit l’équivalent de 18 millions de dinars.

La convention de Bamako, entrée en vigueur le 20 mars 1996, adoptée sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine, interdit l’importation en Afrique de déchets dangereux et radioactifs, a été ratifiée par la Tunisie, une convention qu’ignore apparemment le ministère des Affaires locales et de l’Environnement.

Par ailleurs, cette affaire pose plusieurs points d’interrogation. L’incompétence flagrante des autorités de tutelle, en l’occurrence le ministère des Affaires locales et de l’environnement, le ministère de la Santé et l’Agence nationale de protection de l’environnement au niveau de la gestion des déchets est devenue insupportable, voire très dangereuse.

Depuis la révélation de l’affaire, aucun nom n’a été mentionné et ne le sera certainement jamais.

Hichem Mechichi s’est contenté de limoger Fayçal Bedhiafi, directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED) comme s’il était le seul responsable de cette affaire, un limogeage qui n’a pas convaincu Badreddine Gammoudi, président de la Commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption à l’ARP, qui a déclaré que “de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires locales et de l’Environnement sont impliqués dans ce crime à travers la fraude, la complicité et l’implication directe dans le processus”.

Dans les dédales des procédures compliquées et interminables et à cause des interférences politiques et partisanes qui défendront certains « responsables » qui doivent leurs postes grâce à des partis politiques au pouvoir, l’affaire des déchets italiens tombera dans les oubliettes et l’enquête n’aura aucune chance d’aboutir à une suite à l’instar d’innombrables autres affaires aussi dangereuses et abjectes qui ont été classées. Et qui vivra verra !

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