A Tunisian casts his checked ballot in a box as he votes in the first free municipal elections since the 2011 revolution, at a polling station in Ben Arous near the capital Tunis on May 6, 2018. - Tunisians head to the polls on May 6 in what is seen as another milestone on the road to democracy in the birthplace of the Arab Spring, despite muted interest in the poll as struggles with corruption and poverty continue. Though parliamentary and presidential votes have taken place since the fall of dictator Zine El Abidine Ben Ali, municipal polls have been delayed four times due to logistic, administrative and political deadlocks. (Photo by FETHI BELAID / AFP)
Sur fond de débat sur la manipulation digitale, les infos se multiplient sur les chaînes de télévision tunisienne. La société UReputation a répondu aux accusations portées par un think-tank néo-conservateur américain.f
L’affaire ne finit pas de faire parler en Tunisie. Et prend une tournure étonnante : alors qu’elle est accusée — sans preuves pour le moment — d’avoir propagé des fake-news, la société tunisienne UReputation est ciblée par des infox en pagaille : mercredi soir sur une chaine télé, on lui reprochait d’avoir des liens avec les pages d’Archimèdes, d’avoir été à l’origine du lancement d’un journal électronique (qui n’existe plus) et, désormais, un parti politique affirme qu’il doit sa chute lors du scrutin présidentiel de 2019 à la société UReputation, sans que personne n’ose demander comment un parti politique ayant réuni 7,38 % des voix puisse encore contester sa défaite !
C’est un peu le résumé de cette affaire : sur la base d’un rapport que personne ne semble avoir lu et qui profère des accusations sans les étayer de preuves, on débat de la manipulation digitale. Ironie du sort : en accusant UReputation d’infox, les posts sur les réseaux sociaux complotistes se multiplient.
Dans un communiqué, l’entreprise UReputation rétorque que le rapport publié par Atlantic Council est « truffé de fausses informations » et en appelle au think-tank, ainsi qu’à Facebook, pour que soient transmis les « 900 actifs » qu’on l’accuse d’avoir créés et « la liste complète et les factures liées au sponsoring ».
C’est probablement là l’enjeu du débat : en accusant une entreprise tunisienne d’interférence… en Tunisie, le réseau social américain montrerait sa toute-puissance et qu’il n’en a rien à faire de la souveraineté numérique territoriale. Mais il est temps de déplacer ce débat : où est la manipulation ? Où est la manipulation quand le réseau social valide des sponsorings en assurant qu’ils sont respectueux de ses règles d’utilisation ? Où est la manipulation quand le rapport attribue à UReputation des pages qui ont été créées en Côte d’Ivoire en 2016 alors que la collaboration entre l’agence et le parti local a débuté en 2019 ? Où est la manipulation quand, justement, Atlantic Council est incapable de mesurer, en termes de chiffres, l’influence de la société tunisienne sur les élections ?
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