Economie

Analyse – La gestion pyramidale des finances publiques exposerait la Tunisie au défaut de paiement (1/2)

Analyse – La gestion pyramidale des finances publiques exposerait la Tunisie au défaut de paiement (1/2)

Le nombre de pays en développement et qui sont en difficultés de paiement de leur dette a doublé. Le Salvador, le Ghana, l’Égypte, la Tunisie et le Pakistan apparaissant particulièrement vulnérables, à ce niveau, a indiqué dans une note récente, l’agence d’analyses économiques « Bloomberg ». Comment on en est arrivé là ?

Avec environ un quart de billion de dollars de dette en souffrance, le monde est menacé d’une cascade historique de défauts de paiement. Le Sri Lanka a été le premier pays à cesser de payer ses détenteurs d’obligations souveraines cette année, accablé par des coûts élevés des produits alimentaires et des carburants dans un chaos social et politique sans précèdent, souligne Bloomberg. La Russie a suivi en juin après avoir subi plusieurs sanctions.

Vulnérabilité au risque de défaut de paiement

Désormais, l’attention se tourne vers le Salvador, le Ghana, l’Égypte, la Tunisie et le Pakistan, des pays que Bloomberg Economics considère comme vulnérables au défaut de paiement. Alors que le coût d’assurance de la dette des marchés émergents contre le non-paiement atteint son plus haut niveau depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’inquiétude s’amplifie particulièrement pour ces pays et pour cause, l’économiste en chef de la Banque mondiale Carmen Reinhart et des spécialistes de la dette à long terme des marchés émergents tels que l’ancien directeur de portefeuille d’Elliott Management, Jay Newman n’ont cessé de lancer l’alerte, à cet effet.

« Avec les pays à faible revenu, les risques d’endettement et les crises de la dette ne sont pas hypothétiques », a déclaré Reinhart à Bloomberg. « Nous y sommes presque déjà ».

Selon les données compilées par Bloomberg, 19 nations avec plus de 900 millions d’habitants, et certaines – comme le Sri Lanka et le Liban – sont déjà en défaut de paiement de leur dette.

L’enjeu est donc de 237 milliards de dollars dus aux détenteurs étrangers d’obligations souveraines qui se négocient difficilement. Cela représente près d’un cinquième soit environ 17% de 1400 milliards de dollars de la dette extérieure en circulation des pays émergents.

Et comme les crises l’ont montré à maintes reprises au cours des dernières décennies, l’effondrement financier d’un gouvernement peut créer un effet domino – plus connu sous le terme de contagion – et ce, lorsque des opérateurs retirent massivement de l’argent engendrant des problèmes économiques et accélérant le crash financier. 

La pire de ces crises a été la débâcle de la dette latino-américaine dans les années 1980. Actuellement, les observateurs des marchés émergents évoquent une certaine ressemblance d’autant plus que la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt à un rythme effréné dans le but de freiner l’inflation ce qui a provoqué une explosion du cours du dollar rendant difficile pour les pays en développement le paiement du service de leur dette.

Ghana, Tunisie et Égypte

Ces pays font partie des emprunteurs les moins fréquents et les moins bien notés avec de faibles matelas de réserves en devises étrangers qui, selon Moody’s Investors Service, seront vulnérables à la hausse des coûts d’emprunt.

Ces pays disposent de réserves de change relativement faibles pour couvrir les paiements de dette – sous forme d’obligations souveraines – arrivant à échéance jusqu’en 2026. Cela pourrait devenir un problème s’ils ne sont pas en mesure de renouveler leurs obligations arrivant à échéance en raison du coût accru de l’exploitation des marchés de la dette étrangère. La Tunisie demande jusqu’à 4 milliards de dollars au FMI.

Cependant, la note de Bloomberg précise que dans les pays plus vulnérables, on s’inquiète largement de ce qui va arriver surtout que des épisodes de troubles sont de plus en plus fréquentes en raison de la flambée des prix des produits alimentaires de base et de l’énergie, jetant une ombre sur les prochains paiements d’obligations notamment dans les pays très endettés. Avec la guerre russo-ukrainienne qui maintient la pression sur les prix des matières premières, les taux d’intérêt mondiaux en hausse et le dollar américain affirmant sa force, le fardeau pour certaines nations sera probablement insupportable. 

Pour Anupam Damani, responsable de la dette internationale et des marchés émergents chez Nuveen, le maintien de l’accès à l’énergie et à la nourriture dans les économies en développement suscite de vives inquiétudes. 

« Ce sont des choses qui vont continuer à résonner au second semestre », a-t-elle déclaré. « Il y a beaucoup de littérature académique et de précédents historiques en termes d’instabilité sociale que la hausse des prix alimentaires peut causer, et cela peut conduire à des changements politiques ».

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