Economie

Analyse – Le dinar glisse devant le dollar avec des perspectives négatives

Analyse – Le dinar glisse devant le dollar avec des perspectives négatives

Le dinar tunisien a enregistré le niveau le plus bas en trois ans face au dollar américain, ce dernier ayant enregistré vendredi, 9 avril courant, plus de trois dinars.

Cette baisse est due aux répercussions de la crise russo-ukrainienne sur les réserves de change, et les divergences politiques internes qui retardent la signature d’un accord financier avec le Fonds monétaire international sur lequel le gouvernement compte pour financer le déficit budgétaire.

Les chiffres de la Banque centrale de Tunisie (BCT) ont montré que le dollar s’échangeait à 3,003 dinars, causant une perte à la monnaie locale de 8,1% de sa valeur d’un coup. Les données de la Banque centrale suggèrent que le cours de la monnaie locale par rapport au dollar sera de 3,032 dinars au cours des trois prochains mois, alors qu’il atteindra 3,073 dinars d’ici six mois.

Les répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur la Tunisie seront plus sévères au cours du second semestre de l’année en cours, ce qui affectera la position du dinar, indiquent plusieurs rapports d’instances et de banques internationales.

La monnaie tunisienne a connu une baisse remarquable de son cours de change par rapport aux devises américaine et européenne au cours des 11 dernières années, puisqu’elle a chuté de 108% par rapport au dollar depuis 2011 (le prix du dollar était de 1,4 dinars) et ce, jusqu’à cette année.

Dans un rapport publié en octobre 2021, Standard & Poor’s laissait entendre que le dinar tunisien perdrait environ 12% de sa valeur par rapport aux principales devises étrangères (le dollar, l’euro et le yen japonais).

Au cours des derniers mois, le dinar tunisien a enregistré une relative résilience face aux devises étrangères malgré la crise économique et les pressions sur les réserves de change, bénéficiant de la politique restrictive de la Banque centrale, qui ne s’est pas engagée dans le financement du budget.

Cependant, la Banque centrale a mis en garde contre les pressions inflationnistes qui reflètent l’aggravation du déficit commercial, après une réunion au cours de laquelle elle a étudié les répercussions de la guerre russo-ukrainienne et les risques de pressions externes sur l’économie locale.

Le pays a besoin d’au moins 12 milliards de dinars pour financer le budget cette année, dont plus de 7,5 milliards de dinars (2,5 milliards de dollars), qui seront affectés au remboursement des échéances de la dette dues cette année. Selon la loi de finances, la dette publique de la Tunisie est de 82,57 % du PIB en 2022.

Dans une analyse publiée dernièrement, l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) appelle à auditer et évaluer l’impact des engagements précédents avec le FMI avant de s’engager dans un nouveau programme.

L’analyse évaluant l’impact de la dévaluation du dinar tunisien imposée par le FMI et entamée depuis 2016 sur les réserves en devises, le déficit commercial, le service de la dette, l’inflation ainsi que sur les entreprises publiques, souligne que les conditionnalités économiques des programmes conclus avec le FMI n’ont mené qu’à la dégradation de la situation socioéconomique qui devient insoutenable en Tunisie.

L’Observatoire affirme que le changement de régime de change en Tunisie a été imposé par le FMI comme une mesure structurelle dans sa première lettre d’intention en mai 2013, avec l’abandon de la fixation du taux de change via un panier de devises en faveur d’un taux de change flexible.

L’OTE souligne qu’à partir de 2016, la Tunisie a vu sa dette publique enregistrer une augmentation de plus en plus forte.

La raison la plus importante de l’augmentation du taux d’endettement reste le glissement du dinar par rapport aux principales devises composant le portefeuille de la dette extérieure, à savoir l’euro et le dollar, dont l’impact a engendré une hausse de l’encours de la dette au cours des années 2016, 2017 et 2018, d’un montant s’élevant à 1,8698 milliard de dinars, alors que cet effet n’a pas dépassé 2,734 milliards de dinars au cours des trois années précédentes (2013, 2014 et 2015).

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut