Alors que le monde est confronté à l’urgence de la crise alimentaire, il est important de rappeler que ce problème n’est pas apparu du jour au lendemain assurez Juergen Voegele, Vice-président pour le Développement durable à la Banque mondiale dans une publication récente.
Le responsable international indique que la guerre en Ukraine n’a fait qu’accélérer et accentuer l’attention sur la crise : les prix des denrées alimentaires étaient déjà en hausse avant le début du conflit, et la faim gagnait du terrain en cause, notamment, le changement climatique, qui figure parmi les principaux facteurs d’aggravation de cette montée de l’insécurité alimentaire ajoutant que la hausse du nombre de personnes dans le monde qui souffrent de la faim n’a jamais été aussi élevée, alors même que la production alimentaire mondiale a presque quadruplé entre 1961 et 2020 et qu’elle a augmenté de 50 % ces deux dernières décennies.
Nécessité de transformer les systèmes alimentaires
La situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui exige plus que jamais une transformation de nos systèmes alimentaires, afin de les rendre plus durables et capables de nourrir une population mondiale qui ne cesse de croître et l’un des principaux chantiers de cette transformation concerne les modalités du soutien à l’agriculture et à l’alimentation, affirme l’auteur de la publication.
Prenant essentiellement la forme de mesures de soutien des prix, de subventions aux intrants agricoles et de versements directs aux producteurs, ces aides pourraient être réorientées pour mettre en œuvre des politiques respectueuses de l’environnement et inciter les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles adaptées aux enjeux du changement climatique, martèle Juergen Voegele.
Selon lui, les pouvoirs publics pourraient aussi rediriger leurs financements vers le soutien au secteur privé en atténuant les risques liés aux investissements qui intègrent des critères environnementaux et sociaux plus exigeants ou encore promouvoir le recours à de nouvelles technologies prometteuses, comme l’utilisation d’additifs alimentaires pour le bétail qui réduisent les gaz à effet de serre, ou des modes de production du riz moins émetteurs de méthane.
Intérêt de l’adoption de bonnes politiques publiques
Ainsi, l’adoption de bonnes politiques publiques réduirait les distorsions de prix, favoriserait une croissance résiliente et durable de la productivité et renforcerait les chaînes de valeur avec, à la clé, de meilleurs résultats en matière de sécurité alimentaire et de nutrition, une hausse des revenus pour les agriculteurs et une plus grande optimisation des ressources publiques.
Il est à noter que d’après une étude sur l’évaluation du système de soutien au secteur agricole en Tunisie qui a été réalisée en 2018 dans le cadre du programme d’appui à l’Initiative « European Neighbourhood Programme for Agriculture and Rural Development » ENPARD Méditerranée et financée par l’Union Européenne, les transferts de ressources pour soutenir le secteur agricole ont représenté 3,6% du PIB en moyenne sur la période 2013/15.
D’après l’estimation du soutien total (EST) à l’agriculture au niveau national, la valeur monétaire de tous les transferts à ce secteur était de 2 916 millions de dinars (MD)/an sur la période 2013/15, en hausse de 18,4% par rapport à la période 2008/10, précise l’étude. Ces transferts montrent le coût élevé supporté par le contribuable pour soutenir le secteur agricole dont la contribution à la croissance de l’économie tunisienne est encore importante (9,4% du PIB en moyenne sur la période 2013/15).
Cependant, rapporté à la taille de ce secteur, ce soutien a sensiblement diminué ces dernières années : l’EST ne représente plus que 38,8 % du PIB agricole en 2013/15 contre 53% pour la période 2008/10, ce qui est cependant proche des pourcentages de l’Union Européenne et des Etats-Unis.
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