Les États-Unis, longtemps considérés comme l’une des destinations les plus prisées du monde, voient leur attrait touristique s’éroder sous la présidence de Donald Trump. Selon les dernières prévisions de Tourism Economics, les entrées de voyageurs étrangers devraient reculer de 5,1 % en 2025, contre une hausse anticipée de 8,8 % quelques mois plus tôt. En parallèle, les dépenses touristiques devraient chuter de 10,9 %, soit une perte estimée à 64 milliards de dollars pour l’ensemble du secteur.
Une rhétorique qui rebute les voyageurs
Les causes de cette désaffection sont multiples, mais les décisions politiques et diplomatiques de l’administration Trump sont au cœur des préoccupations. En quelques semaines, Washington a instauré des droits de douane contre le Canada, le Mexique, la Chine et menacé l’Union européenne. Parallèlement, plusieurs agences gouvernementales (dont les Parcs nationaux et l’USAID) ont été suspendues de financement ou partiellement fermées, amplifiant l’image d’un pays en tension.
Tourism Economics évoque une « antipathie envers les États-Unis », nourrie par une rhétorique polarisante, des politiques migratoires plus dures, et la crainte d’un durcissement des conditions d’accueil. Près de 35 % des habitants interrogés dans seize pays européens et asiatiques se disent désormais moins enclins à visiter les États-Unis sous la présidence Trump, selon une étude YouGov.
Premiers effets visibles : le cas du Canada
Le Canada, premier marché émetteur de touristes vers les États-Unis, montre déjà des signes clairs de repli. Les retours frontaliers de Canadiens ont chuté de 23 % en février 2025 selon Statistics Canada, marquant un second mois consécutif de baisse. L’U.S. Travel Association alerte depuis début février sur l’effet dissuasif des nouveaux tarifs douaniers imposés par l’administration Trump.
À New York, destination phare avec 12,9 millions de voyageurs étrangers en 2024, la tendance est palpable. Les tour-opérateurs signalent des annulations de Canadiens, tandis que les recherches internet liées aux hôtels et spectacles reculent. Julie Coker, présidente de NYC Tourism, a déjà abaissé ses prévisions touristiques pour l’année en cours.
La crainte d’un dollar fort et d’un climat hostile
Au-delà des aspects diplomatiques, l’environnement économique global joue également un rôle dissuasif. Avec une économie américaine sous tension, un dollar potentiellement plus fort, et une récession redoutée, les États-Unis deviennent une destination plus coûteuse pour les étrangers. Cela pourrait affecter non seulement le nombre de visiteurs, mais aussi la durée moyenne des séjours, alerte Tourism Economics.
Les compagnies aériennes comme United Airlines confirment une baisse de la demande, aussi bien en provenance du Canada que sur certaines lignes intérieures.
Vers une réorganisation mondiale des flux touristiques
Selon le World Tourism Forum Institute, le secteur pourrait connaître une « refonte » majeure si cette tendance persiste. Des pays européens comme le Royaume-Uni et l’Allemagne ont déjà rehaussé leur niveau de vigilance pour leurs ressortissants, soulignant le risque d’arrestations pour des irrégularités administratives.
À plus long terme, les professionnels s’inquiètent de l’impact de cette dynamique sur les grands événements à venir : Ryder Cup 2025, Coupe du monde 2026 et Jeux olympiques d’été à Los Angeles.
Alors que les États-Unis misaient sur ces manifestations pour rebooster leur attractivité mondiale, les décisions politiques actuelles pourraient bien les en priver. Le tourisme, pilier économique majeur, semble vaciller sous l’effet d’un climat incertain, moins accueillant, et désormais redouté.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires