Economie

Déficit courant : la Tunisie fortement exposée

Déficit courant : la Tunisie fortement exposée

Les soldes courants mondiaux, à savoir l’ampleur globale des déficits et excédents dans l’ensemble des pays, augmentent pour la deuxième année consécutive, d’après le dernier rapport sur le secteur extérieur du Fond Monétaire International. Après des années de réduction, les soldes ont atteint 3% du produit intérieur brut mondial en 2020 puis 3,5% l’an dernier et ils devraient à nouveau se creuser cette année, indiquent des experts du l’institution de Bretton Woods.

Les experts soulignent que la pandémie a provoqué une hausse des soldes mondiaux des transactions courantes. Elle continue à avoir des effets asymétriques sur les pays, notamment selon qu’ils sont exportateurs ou importateurs de services touristiques et de biens médicaux.

Ils ajoutent que les cours des produits de base figurent parmi les principaux facteurs qui déterminent les positions extérieures. Le rebond des cours du pétrole l’an dernier par rapport aux plus-bas durant pandémie a eu un impact asymétrique sur les exportateurs et les importateurs. L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février a accentué la flambée des prix de l’énergie, des denrées alimentaires et autres produits de base, ce qui a provoqué une hausse des soldes mondiaux des transactions courantes en augmentant les excédents des pays exportateurs de produits de base.

Aussi, le resserrement de la politique monétaire détermine les fluctuations des monnaies, dans la mesure où la hausse de l’inflation conduit de nombreuses banques centrales à accélérer la suppression des mesures de relance monétaire. Les anticipations révisées concernant le rythme du durcissement monétaire aux États-Unis ont entraîné un important réalignement des monnaies cette année, ce qui a contribué à l’augmentation prévue des soldes.

Pour l’an prochain et au-delà, les experts du FMI anticipent une diminution régulière des soldes mondiaux des transactions courantes, sur fond de modération des effets de la pandémie et de la guerre, même si une grande incertitude entoure cette prévision.

Cependant, sous cet angle et selon les prévisions des officiels, la situation du secteur du extérieur en Tunisie et ses perspectives sont préoccupantes et pour cause, Marouane Abassi, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a déclaré fin mai dernier que le déficit extérieur devrait s’aggraver pour avoisiner 10% du PIB en 2022, contre 6,8% prévu initialement et 6,1% en 2021.

Les pronostics du responsable sont corroborés par les récentes évolutions faisant état d’un déficit commercial de près de 14 milliards de dinars et d’une fonte inédite des flux financiers extérieurs notamment en raison du recul des IDE et des recettes touristiques face à un service de dette extérieure montant à plus de 5 milliards de dinars et ce, seulement au cours des sept premiers de cette année.

Selon Abassi, la crise russo-ukrainienne générera une augmentation conséquente de la facture énergétique, un alourdissement de la facture alimentaire (la zone de conflit a fourni 42% de l’approvisionnement de la Tunisie en céréales en 2021) ainsi qu’un impact négatif sur les exportations des secteurs manufacturières en relation avec le ralentissement attendu de la demande en provenance de la zone euro.

Le 10 août courant, l’agence de notation japonaise Rating and Investment a abaissé la note émetteur en devises étrangères de la Tunisie et de la Banque centrale à « B » avec perspective négative tout en révisant à la baisse la note d’émissions obligataires nationales sur le marché financier international libellées en yen japonais  de « B+ » à « B » et dont l’encours avoisine l’équivalent de 1520 millions de dinars.

Elle explique la dégradation de la note souveraine du pays par plusieurs facteurs dont la situation économique difficile due à la détérioration de l’environnement extérieur, l’augmentation du déficit courant et la vulnérabilité croissante aux aléas de la conjoncture mondiale.

Rappelons que le FMI, a prévu dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales édité au mois d’avril 2022 que la croissance du PIB en Tunisie devrait reculer en baissant de 3,1% en 2021 à 2,2% en 2022. L’inflation devrait se situer à 7,7% au cours de cette année contre 5,7% une année auparavant alors que le déficit du secteur extérieur devrait s’aggraver, largement de 6,2% du PIB en 2021 à 10,1% du PIB en 2022.

La Tunisie a été exclue par le FMI de ses prévisions à moyen terme (2023-2027) qui a fait revenir ceci au déroulement des discussions techniques entre les autorités tunisiennes et ses équipes sur un nouveau programme de financement.

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