Rached Ghannouchi a reçu, hier lundi 9 novembre 2020, un groupe d’experts en économie, composé d’anciens ministres, en l’occurrence, Ridha Chalghoum, Taoufik Baccar, Fadhel Abdelkafi, Houcine Dimassi, Taoufik Rajhi et Habib Karaouli, banquier d’affaires.
D’après un communiqué, publié à cet égard, la rencontre a eu pour objet la volonté de faire participer les experts, extrêmement convoités ces jours-ci par les « politiciens », afin de trouver ou de proposer des solutions aux problèmes de l’économie nationale, à travers l’accélération de l’élaboration des grandes réformes et la collaboration avec les différentes structures dont particulièrement la commission des finances.
De prime abord, la rencontre laisse penser, sans aucun doute que Ghannouchi se comporte comme un dirigeant omnipotent qui détient les reines de l’économie et ses rouages et qui cherche, patriotisme oblige, une solution à la faillite imminente vers laquelle il a emmené le pays et à laquelle il a activement participé depuis une décennie. Révélatrice du chaos qui règne au sommet du pouvoir et des interférences entre les trois présidences, cette rencontre du cheikh avec les experts est complément incompatible avec sa mission à la tête du pouvoir législatif.
Ce qui intrigue aussi dans cette rencontre est que Slim Besbes et Ridha Saidi ex-ministres respectivement des Finances et des Affaires économiques de la sinistre « Troïka » ainsi que Ridha Chkondali chargé des études et de la planification du programme « économique » d’« Ennahdha » à l’époque, brillaient tous par leur absence apparemment tombés en disgrâce ou bien probablement parce qu’ils sont absents des médias et des réseaux sociaux car à vrai dire, les experts invités par Rached G. sont très actifs sur ces réseaux et largement médiatisés.
Rêvant probablement de sauver les meubles d’une économie nationale en ruine ou d’un taux de croissance d’avant 2011, Ghannouchi s’est entouré de ministres de l’Economie et des Finances sous Ben Ali et pense probablement s’inspirer de leurs success stories, oubliant au passage que les performances d’antan ne sont pas possibles malgré le zèle de ces ministres, sans un climat de stabilité politique et une administration performante et surtout plus disciplinée, malgré certains manquements.
Parmi les experts invités par Ghannouchi, se trouve M. Houcine Dimassi qui a affirmé lors de sa démission fin juillet 2012 de son poste de ministre des Finances du gouvernement Hamadi Jebali, qu’il ne pouvait pas accepter les dérapages à des fins électoralistes et qui pénalisent l’équilibre des finances publiques. Difficile donc de le voir participer au sauvetage de l’économie en tant qu’expert alors qu’il a jeté l’éponge depuis qu’il était ministre…
Quant à Taoufik Rajhi, ex-ministre chargé des grandes réformes, malgré toute la bonne volonté du monde, il ne sera d’aucune utilité pour remédier au désastre économique actuel, lui qui n’a pu jamais entamer aucune réforme, aussi minuscule qu’elle soit durant ses 30 mois au ministère
Penser qu’on pourrait aujourd’hui sauver l’économie nationale d’une faillite quasi certaine rien qu’en écoutant des experts qui n’ont aucune responsabilité dans l’exécutif et qui ne peuvent par conséquence mettre en œuvre quoi que ce soit, ou des ministres qui ne sont plus en exercice ou bien qu’ils l’étaient mais sans grand impact positif, et qu’on laisse de côté les vrais responsables en exercice aux ministères des Finances et de développement économique, est une approche absurde qui relève de l’amateurisme galopant et de l’incompétence qui sévissent dans les sphères du pouvoir depuis 2011.
De toute évidence, malgré la compétence reconnue d’une partie des invités de Ghannouchi et en dépit de leur volonté de sauver l’économie nationale souffrante en proposant des idées et des solutions, ces experts se trompent carrément d’adresse et semblent gonfler un pneu crevé en s’adressant à l’un des responsables du malheur économique et politique du pays.
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