Economie

Des rapaces guettent le secteur hôtellerie – restauration

Des rapaces guettent le secteur hôtellerie – restauration

Le dernier bulletin des statistiques financières émanant de la Banque Centrale de Tunisie sous le numéro 216, montre que le total des crédits recensés par la centrale des risques et revenant au secteur « Hébergement et restauration » s’élève à fin septembre 2021 à 4778,8 millions de dinars soit 4,7% du PIB courants aux coûts des facteurs, de l’année précédente.

Néanmoins ce montant d’endettement insoutenable et menaçant la pérennité d’exploitation du secteur dépasse le double de ses recettes de l’année dernière (2,1 milliards de dinars).

Cette situation détériorée ne date pas d’hier mais le rythme de la dégringolade est de plus en plus pesant et pour cause, l’endettement du secteur est passé de 3990,7 MD en décembre 2014 à 4651.0 MD en 2020 soit un accroissement de 660,4 MD ou 16,5%. Le choix de cette période de transition a été fait pour annuler le biais lié à l’effet de la pandémie du Covid-19.

Également, les totaux présentés ne font pas état des crédits fournisseurs, ceux des caisses sociales et autres crédits auprès du Fisc, STEG, SONEDE, etc. Plusieurs parties accusent par ignorance et surtout par mauvaise foi les acteurs du secteur de fuite de leurs recettes à l’étranger alors que ceux-ci ne disposent même pas de recettes depuis des années.

Le terrain a été balisé et bien préparé par les gouvernements de la tristement célèbre Troïka et autres pour spolier les hôteliers à travers un simulacre de plan de restructuration du secteur à travers un projet de loi présenté en 2014 pour créer une société de gestion d’actifs ou Asset Management Company (AMC) qui s’approprient les hôtels disposant d’impayés bancaires « lourds ».

Il est fort probable que le gouvernement actuel s’oriente de nouveau vers la promulgation de cette loi s’inscrivant dans une opération de spoliation de grande envergure sous la pression des bailleurs de fonds dont les partenaires sont toujours intéressés non pas par le rachat des hôtels pour soi-disant les restructurer mais réellement pour leur démolir afin d’exploiter leur patrimoine foncier fort intéressant.

Pour les professionnels, en toute crise il y a une opportunité pour sortir plus fort. Parmi les pistes à explorer : étaler la saison, diversifier les produits, investir en arrière-saison, mettre en place des fonds de garantie, et plus de digitalisation et moins de bureaucratie.

Le ministère du Tourisme a initié depuis quelques années des chantiers dont certains misent largement sur un tourisme qualitatif et ciblé avec certes une reclassification d’hôtels selon les normes internationales mais aussi des déclassements.

La priorité doit aussi être donnée, d’après les acteurs du secteur, à un personnel formé et qualifié, l’objectif étant une qualité de service irréprochable et répondant à la demande d’une clientèle de plus en plus exigeante.

Le ministère misera aussi sur une diversification des produits avec un tourisme alternatif. Une stratégie a été mise en place à cet effet pour développer outre le balnéaire qui a déjà sa clientèle d’autres produits notamment dans les régions. Parmi eux : le tourisme de randonné, sportif, culturel, écologique, saharien, médical, bien-être, du Golf, de congrès, etc., outre les maisons d’hôtes, les gites et les thalassos.

Malheureusement, les capacités d’investissement restent limitées et les budgets des campagnes sont très réduits.

Le tourisme demeure un secteur important à tous les niveaux, le sauver c’est sauver des recettes mais aussi des emplois. Des filières entières de l’économie en dépendent, des familles aussi, d’où la nécessité de faire le maximum pour épargner ce secteur pour qu’il puisse sortir avec le moins de dégâts.

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