Le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), publié le 4 juin 2024, révèle une situation alarmante concernant la dette en Afrique.
Intitulé « A World of debt : a growing burden to global prosperity » (Un monde de dettes : un fardeau de plus en plus lourd pour la prospérité mondiale), le rapport montre que 27 pays africains ont dépassé la barre des 60% de dette par rapport à leur PIB en 2023, contre seulement 6 pays en 2013. Cette hausse significative est attribuée à plusieurs chocs exogènes mondiaux tels que la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, et la crise climatique en cours.
Une charge de plus en plus lourde
Le rapport souligne que 769 millions d’Africains, soit près des deux tiers de la population du continent, vivent dans des pays où les paiements d’intérêts de la dette dépassent les dépenses publiques allouées à l’éducation ou à la santé.
Cette réalité souligne un paradoxe frappant : les ressources destinées aux services essentiels sont submergées par le poids des intérêts de la dette. En 2023, les pays en développement ont payé 847 milliards de dollars d’intérêts nets, une augmentation de 26 % par rapport à 2021.
Un coût d’emprunt prohibitif
Les pays africains empruntent à des taux nettement supérieurs à ceux des économies développées. En 2023, les taux d’intérêt moyens appliqués aux euro-obligations émises par les pays africains se sont établis à 9,8%, contre 0,8% en Allemagne, 2,5% aux États-Unis, 5,3% en Asie & Océanie, et 6,8% en Amérique latine & Caraïbes.
Cette disparité des taux montre la difficulté des nations africaines à accéder à des financements à des conditions équitables, exacerbant ainsi leur vulnérabilité économique.
L’impact des intérêts
L’augmentation rapide des coûts d’intérêts limite les budgets des pays africains, qui ont consacré 9,2% de leurs recettes publiques au service de la dette en 2023, contre 4,4% en 2010.
Cette charge disproportionnée place près de la moitié des 54 pays en développement ayant consacré au moins 10% de leurs recettes publiques au paiement des intérêts de la dette en 2023, en Afrique.
Priorité des paiements
Le rapport révèle également que les dépenses moyennes en intérêts par habitant en Afrique (70 dollars) dépassent celles allouées à l’éducation (60 dollars) et à la santé (39 dollars).
Cette situation révèle un déséquilibre préoccupant, où le service de la dette prend une part plus importante des ressources publiques que les investissements dans les secteurs essentiels du développement humain.
Vers une réforme du système financier mondial
Face à cette crise, la CNUCED propose un plan de réforme pour réorganiser le système financier mondial. Ce plan inclut plusieurs recommandations :
- Amélioration de la gouvernance financière mondiale : Accroître la participation des pays en développement à la prise de décisions des institutions financières internationales.
- Réduction des coûts de la dette : Mettre en place un mécanisme de restructuration de la dette plus efficace pour diminuer le coût de la dette et réduire le risque de surendettement.
- Renforcement des financements d’urgence : Augmenter les liquidités disponibles pour les pays en crise, afin de soutenir leur stabilité économique et sociale.
- Mobilisation des financements à long terme : Encourager les banques multilatérales de développement et les ressources privées à fournir des financements abordables et durables.
La CNUCED insiste sur l’importance de soutenir les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, en allégeant le fardeau de la dette pour permettre aux pays africains de réaliser des progrès significatifs dans les domaines de l’éducation, de la santé, et du développement durable.
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