Tunisie Numérique s’est penchée sur les habitudes alimentaires des ménages tunisiens qui ont bien voulu partager avec nos journalistes, dans les régions, leurs modes de consommation.
L’initiative, intitulée ‘‘Dis-moi ce que tu manges’’, vise à dépeindre avec authenticité et sans préjugés la manière dont les familles tunisiennes gèrent leur budget alimentaire en période de crise.
Dans un élan de générosité et de transparence, les familles participantes, issues de divers horizons géographiques et socio-économiques de la Tunisie, ont volontairement accepté de révéler les coulisses de leur organisation domestique. Elles ont ouvert les portes de leurs garde-manger et réfrigérateurs, nous permettant ainsi d’observer de près les choix et les sacrifices qu’elles font au quotidien pour nourrir leurs proches.
Une effervescence commerciale sous tension
Le mois de Ramadan touche à sa fin, et il ne reste que quelques jours avant l’Aïd el-Fitr. Comme partout en Tunisie, la ville de Kasserine connaît une animation commerciale particulière, marquée par l’achat de vêtements et de pâtisseries traditionnelles. Toutefois, cette année, l’ambiance est plus prudente : la baisse du pouvoir d’achat pousse les familles à limiter leurs dépenses et à jongler entre nécessité et envie.
Hédia, une mère entre gestion et adaptation
Dans un quartier modeste de Kasserine Nord, Hédia, 34 ans, vit avec son mari, leurs cinq enfants et sa mère veuve. Avec une boutique de vêtements d’occasion et une poissonnerie, le couple gagne un revenu quotidien, mais la gestion du budget devient un défi en période de Ramadan, où les dépenses s’envolent.
Faire ses courses : un équilibre entre nécessité et envie
Face aux prix élevés, Hédia a modifié ses habitudes d’achat : elle privilégie les courses quotidiennes et achète avec soin, en tenant compte des besoins de ses enfants, des frais scolaires et des préparatifs de l’Aïd. Son objectif est clair : réduire les dépenses superflues et se concentrer sur l’essentiel.
Des repas équilibrés et économiques
Hédia veille à offrir un Iftar nourrissant mais sans excès. Sa table comprend souvent une soupe au poulet, des bricks ou un tajine, une salade grillée et une salade verte. Son plat principal repose sur du poisson et des fruits de mer, plus accessibles que la viande rouge, qu’elle ne consomme qu’à des dates spécifiques du mois sacré. Pour le dessert, elle prépare des douceurs maison et achète quelques pâtisseries en petites quantités pour limiter les coûts.
Limiter le gaspillage et optimiser les ressources
Rien ne se perd chez Hédia : les restes sont conservés pour le repas du S’hour, et elle stocke certains produits saisonniers en prévision de la hausse des prix. Elle inculque ainsi à ses enfants la valeur de l’économie sans les priver des petits plaisirs du Ramadan.
Les vêtements de l’Aïd : entre tradition et pragmatisme
Si ses enfants rêvent de vêtements neufs, Hédia et son mari privilégient les vêtements d’occasion en bon état, une solution plus abordable dans un contexte économique difficile.
Des traditions ramadanesques en mutation
Autrefois, Ramadan rimait avec visites et repas partagés, mais la tendance est à l’intimité familiale, en raison de la hausse du coût de la vie. Malgré tout, Hédia continue d’inviter proches et voisins de temps à autre, afin de préserver l’esprit de solidarité du mois sacré.
La veille de l’Aïd : une nuit gourmande et conviviale
La maison de Hédia se transforme en atelier de pâtisserie la veille de l’Aïd. Avec ses voisines, elle prépare des douceurs maison, une alternative plus économique et plus saine aux pâtisseries du marché. Dès le matin, elle achète ses ingrédients avec soin, puis, une fois la nuit tombée, les femmes se rassemblent pour pétrir, façonner et cuire ensemble.
Un rituel sucré partagé avec le quartier
Les fours domestiques étant trop petits, les plateaux de pâtisseries sont acheminés vers la boulangerie du quartier, qui reste exceptionnellement ouverte. Une fois dorés à point, les gâteaux reviennent chez leurs créatrices, répandant dans les rues un parfum enivrant de fleur d’oranger et de vanille.
Un matin de fête autour des saveurs d’antan
À l’aube de l’Aïd, la famille de Hédia se réunit autour d’un plateau garni de ces délices faits maison, accompagnés d’un café fumant. Un moment de joie et de partage, où chaque bouchée rappelle l’effort collectif et l’amour transmis à travers les traditions.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires