Economie

Encore un paradoxe : Hausse simultanée de l’offre et des prix à l’achat de l’immobilier

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Mubawab qui est une plateforme digitale dans le secteur immobilier national vient de publier la 4 ème édition de son guide sur les tendances du marché de l’immobilier durant le deuxième semestre 2021. 

Selon la publication, 2021 a été une année difficile pour l’immobilier en Tunisie, tout comme l’année qui l’a précédée. La crise sanitaire a affecté le secteur de la pierre, la situation socio-économique du pays n’a pas facilité la reprise.

Entre juillet et décembre 2021, une augmentation de +2,1% a été enregistrée sur le prix des appartements anciens et de +4,1% pour les appartements neufs.

La hausse des prix des appartements se maintient, et se renforce dans la plupart des grandes villes. Certaines villes font preuve d’une grande stabilité comme El Menzah et khezama avec un taux d’évolution compris entre 0% et +1% alors que dans d’autres villes, un léger recul entre -1% et -2% a été observé comme à Carthage et El Mourouj. Néanmoins, un grand recul des prix au m² des appartements est constaté dans des villes à l’instar d’Akouda et Boumhel Bassatine avec des baisses allant de -5% à -10%.

Cette tendance s’inverse totalement dans des villes comme les jardins de Carthage et Hammamet où les prix au m² des appartements connaissent des hausses comprises entre +5% et +10%, révèle la publication.

L’offre connaît, par ailleurs, une hausse aux mois de novembre et septembre. En revanche, le mois d’août a connu un repli de 5% par rapport à son antécédent. Quant à la demande, d’une part, elle s’est alignée sur la même tendance que l’offre aux mois de septembre et décembre, par contre, elle l’a dépassé durant les 4 premiers mois du 2ème semestre 2021.

Rappelons qu’un cabinet de renommée internationale dans les domaines de l’audit et du conseil financier et managérial a réalisé pour le compte de la chambre syndicale des promoteurs immobiliers une étude du secteur de la promotion immobilière en Tunisie.

L’analyse du secteur montre que les prix des unités d’habitation ont grimpé de 46% durant les 5 dernières années, alors que les prix des terrains ont augmenté de 41%.

On indique aussi que bien que sur la période 2010-2017 le nombre de promoteurs immobiliers a évolué, le nombre de logements produits n’a pas suivi la même cadence.

En termes de demande, le secteur a connu une forte baisse en 2018 de 28% sur les ventes des appartements et de 6% sur les ventes des terrains destinés à l’habitation entre T3 (troisième trimestre) 2017 et T3 2018. En outre, durant la période 2017-2019, l’encours des crédits logement aux particuliers n’a cessé d’augmenter pour atteindre 11279 millions de dinars (MD) en 2019 ce qui représente 46,9% du total des encours des crédits aux particuliers en 2019.

Sur un autre plan, le nombre de promoteurs immobiliers a augmenté considérablement entre 2010 et 2020 pour atteindre 3181 en 2020 contre 1989 en 2010 (+60%). Néanmoins, au total 700 à 800 promoteurs exerceraient dans le cadre d’une activité permanente.

L’ensemble de ces données font ressortir plusieurs entorses d’ordre normatif notamment en ce qui concerne les biais de corrélation entre les volumes et les prix des stocks de logements produits outre l’aspect intrigant quant à l’évolution du courant d’affaires du secteur dans un contexte où pratiquement tous les autres secteurs sur lesquels il établit son activité, sont en berne.

D’après les résultats d’une consultation publiée par le Ministère de l’Equipement et de l’Habitat et selon des études d’experts, 30% de la population tunisienne ne disposeraient pas de moyens pour accéder à un habitat décent et 20% n’auraient aucune chance d’en avoir un. Une situation qui exclurait la moitié des Tunisiens ou presque d’un droit primordial.

Les données statistiques révèlent aussi que le parc immobilier en Tunisie compte quelques 3 millions de logements dont 37% sont considérés comme habitations anarchiques.

Les observateurs et toutes les parties prenantes évoquent le fait que le secteur immobilier structuré a connu une nette envolée des prix en raison essentiellement de l’indisponibilité de réserves foncières, de la hausse vertigineuse des coûts du bâtiment et de la spéculation immobilière.

Au total, on note annuellement un déficit minimal de 100 mille logements qu’il convient de combler dans les 6 ou 7 prochaines années.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek