Economie

Le manque de liquidité aggrave la crise du blé en Tunisie

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La crise de financement aggrave la situation déjà difficile de la Tunisie qui peine à assurer ses besoins nécessaires en blé, surtout après que la Russie ait interdit les exportations de ce produit stratégique et que ses prix ont atteint des niveaux record sur le marché international.

Les autorités tunisiennes ne dévoilent pas leur nouvelle destination pour s’approvisionner en céréales, déclarant seulement que les stocks sont suffisants pour approvisionner le marché jusqu’à la récolte locale de céréales en juin prochain.

La Tunisie est l’un des pays qui dépend principalement du blé ukrainien d’abord puis du blé russe, ce qui l’expose aux fluctuations du marché mondial des céréales et aux effets de la guerre russo-ukrainienne, puisqu’elle est classée 44e au niveau mondial parmi les pays importateurs de blé. On estime les importations de la Tunisie en blé russe à environ 111 000 tonnes, selon un rapport publié par l’Union des banques arabes.

Ces quantités sont essentielles pour le marché tunisien, car l’imposition par la Russie d’un embargo sur les exportations de blé est une nouvelle source de pression sur le pays, qui devra s’approvisionner auprès des négociants sur le marché mondial à des prix élevés qui alourdissent la facture des subventions, tandis que la cheffe du gouvernement Najla Bouden peine à trouver quelques 12 milliards de dinars d’emprunts extérieurs pour financer le budget (3,64 milliards d’euros).

Déficit budgétaire inquiétant

La Tunisie souffre également d’un déficit du budget de l’Etat pour 2022 estimé à 9,3 milliards de dinars, alors que la dette publique totale s’élevé à 114 milliards de dinars, ce qui a entraîné un taux d’endettement sans précédent pour le pays.

Malgré la faiblesse des importations tunisiennes de blé russe par rapport aux autres pays arabes, l’embargo russe aura des répercussions supplémentaires sur la facture de subvention des produits de base, étant donné que les nouveaux achats que l’Office des céréales seront par le biais de prêts internes garantis par le système bancaire, qui souffre principalement d’un manque de liquidité financière.

Il est probable que le gouvernement augmente les prix du pain et des pâtes afin de réduire le coût des subventions, alors que le marché local restera en manque d’approvisionnement en farine jusqu’à la nouvelle récolte.

Il est clair que les autorités comptent sur cette récolte pour juguler la facture des importations alimentaires et réduire en partie les répercussions de la guerre et de l’embargo russe sur les exportations de blé, toutefois le volume de la récolte dépendra des facteurs météorologiques.

Le 11 mars courant, l’Office des céréales a acheté environ 125 000 tonnes de blé tendre et 100 000 tonnes d’orge dans le cadre d’un appel d’offres, selon Reuters.

L’agence a déclaré que, selon des évaluations préliminaires, le prix le plus bas du blé tendre était d’environ 491,68 dollars la tonne, frais d’expédition compris, notant que l’office avait acheté environ 100 000 tonnes de blé tendre début février, à environ 350 dollars la tonne, frais d’expédition compris.

La dépendance de la Tunisie aux importations de blé pour plus de 50% de ses besoins pose un défi majeur à sa sécurité alimentaire, ce qui nécessite le développement de politiques agricoles qui mettront le pays à l’abri de ces crises, étant donné que la consommation tunisienne de céréales s’élève à 3,4 millions de tonnes par an.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek