Economie

Énergies renouvelables : le syndicat de la STEG bloquerait les investisseurs privés

Énergies renouvelables : le syndicat de la STEG bloquerait les investisseurs privés

Abdellatif Hammouda, responsable de l’association professionnelle des producteurs d’énergies renouvelables au sein de la confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie “Connect”, a confirmé, mercredi, 22 juin courant que de nombreux projets de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables sont encore inactifs et non raccordés au réseau du Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG).

Hammouda a ajouté, lors d’une conférence de presse, que depuis la promulgation de la loi n° 2015-12 du 11 mai 2015, relative à la production d’électricité à partir des énergies renouvelables et l’approbation du plan de production de l’énergie solaire en Tunisie, 67 projets d’énergie renouvelable ont été approuvés par le ministère de l’industrie, cependant, un seul projet a été raccordé au réseau de la STEG jusqu’à présent. A cet égard, il a appelé le gouvernement à intervenir pour remédier aux entraves qui empêchent le raccordement de ces projets au réseau national, et leur mise en service.

Blocage coûteux

L’association professionnelle des producteurs d’énergies renouvelables estime que le blocage des projets de production de l’énergie électrique à partir d’énergies renouvelables est dû est principalement au refus du syndicat de la STEG de raccorder les projets avant d’introduire des révisions à la loi réglementant la production d’électricité à partir des énergies renouvelables.

Hammouda a reconnu que le secteur des énergies renouvelables est complètement paralysé, ce qui peut conduire au départ de plusieurs entreprises internationales vers d’autres pays, et a ajouté qu’environ 80% des compétences tunisiennes travaillant dans ce domaine ont migré en Afrique.

Dans le même contexte, il a estimé que le blocage du raccordement des centrales photovoltaïques au réseau fait perdre au pays environ 2500 millions de dinars sous forme d’investissements inachevés et environ 400 millions de dinars de manque à gagner annuellement au profit de l’Etat.

L’homme d’affaires tunisien Tareq Ben Ayed a d’ailleurs indiqué que parmi les projets bloqués figure une centrale photovoltaïque à Sfax d’une capacité de production de 1 mégawatt, soulignant que cette centrale est prête depuis octobre 2020, mais qu’elle n’est toujours pas raccordée au réseau de la STEG.

Ben Ayad a ajouté que cet investissement d’environ 3 millions de dinars et est censé produire environ 2 gigawattheures par an, soit avec une rentabilité d’environ 500 000 dinars, indiquant que son projet est capable de produire de l’électricité à un coût moyen d’environ 215 millimes le Kw/h, alors que le coût d’un Kw/h d’électricité produit par la STEG est d’environ 400 millimes.

Il est à noter que plusieurs réunions ont été organisées avec la participation de représentants du ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines et de la STEG, sans parvenir à un accord définitif sur le raccordement des centrales photovoltaïques au réseau national. Pour sa part, le président de la la confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie, Tareq Chérif, a souligné que la transition énergétique est devenue à l’heure actuelle une nécessité pour le monde, et un enjeu vital pour la Tunisie, étant donné que le secteur de l’énergie est capable de réaliser une reprise économique notoire.

Tareq Chérif a ajouté que la production d’énergies renouvelables, est capable de réduire la facture énergétique et donc les importations d’énergie en devises, d’améliorer la compétitivité des entreprises, de soutenir la création d’emplois, de créer de la richesse et d’améliorer la pouvoir d’achat du citoyen tunisien, rappelant que la Tunisie bénéficie de 3 000 heures de soleil par an, alors que la moyenne mondiale ne dépasse pas 1 500 heures.

Le niet du syndicat de la STEG

Toutefois, la fédération générale de l’électricité et du gaz relevant de l’UGTT considère que la production d’électricité et sa commercialisation par le secteur privé constitue un risque pour les équilibres financiers de la STEG et ses intérêts bien que les dispositions de la loi n° 2015-12 du 11 mai 2015, relative à la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, n’évoque en aucun cas la privatisation de la production d’électricité.

Au fait, l’objection de la fédération générale de l’électricité et du gaz est en rapport à la détermination des coûts de transport de l’électricité. Le syndicat veut que la STEG réalise un profit assez important pour permettre aux producteurs privés d’exploiter le réseau national. A ce jour, la fédération bloque tout projet de raccordement de producteurs privés au réseau de la STEG exigeant, à cet effet, la révision de la loi 2015-12 pour garantir les « intérêts » de la société, mais surtout ceux du syndicat, selon certains observateurs.

Rappelons qu’à fin 2020, la STEG traine un déficit monstre de 3,9 milliards de dinars, des fonds propres négatifs de -2,28 milliards de dinars, un encours des emprunts de 7 milliards de dinars et des concours bancaires de 1,7 milliard de dinars.

La STEG reçoit, chaque année de l’État des subventions d’exploitation. De 2014 et jusqu’à 2020, l’État a versé à la société plus de 6 milliards de dinars de subventions.

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