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Étude choc : Les musulmans en Suisse ont 2,4 fois plus de risques d’être au chômage

Étude choc : Les musulmans en Suisse ont 2,4 fois plus de risques d’être au chômage

Une étude met en lumière l’impact des discriminations

Le Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l’Université de Fribourg a publié une étude inédite sur les conséquences du racisme antimusulman en Suisse. Cette enquête de 80 pages met en évidence les discriminations qui touchent les personnes de confession musulmane, en particulier dans l’accès à l’emploi et aux postes à responsabilité.

L’étude souligne l’imbrication des inégalités liées au genre, à l’origine supposée et à la religion, et met en avant un phénomène encore largement sous-évalué. En 2022, selon le Service de lutte contre le racisme (SLR), 69 % des personnes ayant subi une discrimination raciale en Suisse ont déclaré l’avoir vécue dans leur milieu professionnel ou durant la recherche d’un emploi.

Un marché du travail marqué par des pratiques discriminatoires

L’un des principaux enseignements de cette étude réside dans les inégalités persistantes dans le recrutement et le traitement des employés musulmans. De nombreux témoignages font état de discriminations à l’embauche, d’écarts de salaires injustifiés ou encore de harcèlement moral sur le lieu de travail.

Les chercheurs du CSIS ont notamment mis en place des tests en envoyant des candidatures fictives avec des noms d’origine turque ou kosovare, souvent perçus comme musulmans. Les résultats sont sans appel : ces profils ont un taux de réponse bien inférieur à celui des candidats ayant un nom à consonance suisse. Ce constat démontre que la simple perception d’une appartenance religieuse peut influencer les décisions de recrutement, indépendamment des qualifications des candidats.

Un risque de chômage multiplié par 2,4

Selon l’étude, les discriminations à l’embauche entraînent un risque de chômage 2,4 fois plus élevé pour les musulmans par rapport à la moyenne nationale. Contrairement à certaines idées reçues, ce phénomène ne s’explique ni par une pratique religieuse plus marquée, ni par l’appartenance à une génération spécifique. Même les citoyens suisses d’origine musulmane restent confrontés à ces barrières.

Par ailleurs, l’étude souligne que le niveau de formation n’atténue pas cette discrimination. Si les détenteurs d’un Certificat fédéral de capacité (CFC) ou d’un diplôme de maturité rencontrent moins de difficultés, les titulaires d’un diplôme universitaire font face à des obstacles encore plus marqués. Cette situation s’explique notamment par la réticence des employeurs à confier des postes à responsabilité à des personnes perçues comme issues d’une minorité.

Les femmes musulmanes encore plus touchées

L’étude met également en lumière l’impact du genre dans ces discriminations. Les femmes musulmanes, en particulier celles portant le voile, sont encore plus vulnérables. Elles doivent envoyer en moyenne 4,5 fois plus de candidatures qu’une femme sans signe religieux apparent pour obtenir un entretien d’embauche.

Le port du voile constitue un frein supplémentaire dans le parcours professionnel des femmes musulmanes, notamment dans les formations et les stages. Les chercheuses ont relevé que certaines entreprises suisses, notamment les petites et moyennes entreprises, pratiquent une exclusion tacite des femmes voilées, limitant ainsi leurs perspectives d’emploi.

Une tendance européenne préoccupante

Le phénomène observé en Suisse s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle européenne. Une étude de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) révèle qu’un musulman sur deux en Europe a subi des discriminations au cours des cinq dernières années.

En France, en Allemagne et en Belgique, les musulmans rencontrent également des difficultés similaires sur le marché du travail, notamment en raison de leur origine supposée ou du port de signes religieux visibles. Cette exclusion systématique contribue à renforcer les inégalités économiques et sociales.

Quelles solutions pour lutter contre ces discriminations ?

Face à ces constats alarmants, les chercheurs du CSIS plaident pour une meilleure reconnaissance des discriminations systémiques et pour la mise en place de politiques plus inclusives. Parmi les recommandations formulées :

  • Une sensibilisation accrue des recruteurs aux biais inconscients dans le processus d’embauche.

  • Une meilleure application des lois antidiscriminatoires déjà en vigueur en Suisse.

  • La promotion de la diversité dans les entreprises, avec des initiatives favorisant l’inclusion des minorités visibles.

  • La mise en place de dispositifs de signalement plus accessibles pour les victimes de discriminations.

En révélant l’ampleur de ces injustices, cette étude apporte une contribution essentielle au débat public et ouvre la voie à des réformes nécessaires pour garantir une égalité réelle sur le marché du travail en Suisse.

 

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