Le département américain de l’agriculture vient d’affirmer dans un récent rapport détaillé sur la situation de la production et des besoins annuels en céréales en Tunisie que « Tunisie Numérique » publie ses données en exclusivité, en deuxième et dernière partie que les politique de soutien du gouvernement aux agriculteurs restent inchangées depuis la saison 2021/22.
Pour atteindre l’objectif d’autosuffisance que les autorités évoquent, à cet effet, la production annuelle moyenne des céréales devrait se situer aux alentours de 3 millions de tonnes, dont 1.7 MT de blé dur, les programmes sponsorisés par l’état comprennent :
- La garantie d’in prix d’achat auprès des producteurs pour : 1000 Dinars/Tonne pour le blé dur ($339/T) ; 800 Dinars/Tonne pour le blé tendre ($271/T) et 690 Dinars/T pour l’orge ($233/T),
- La Subvention des semences certifiées,
- La Subvention à raison de 50 pour cent des coûts des machines agricoles et 40 à 50 pour cent des coûts du matériels d’irrigation,
- La Subvention de l’eau d’irrigation, 32 pour cent du coût ($0.07/m3) pour encourager l’augmentation des plantations de blé irrigué à 120,000 hectares (HA),
- La fourniture d’une assistance technique aux cultivateurs de blé irrigué pour augmenter les rendements.
L’Office des Céréales (OC) maintient officiellement un monopole sur l’inventaire, l’achat, et la vente de blé et d’orge pour le marché intérieur. Néanmoins, la collecte de la production locale a été privatisée pour les deux cultures. La collecte par l’Office des Céréales représente actuellement 40 à 60 pour cent de la production de blé et 10 à 40 pour cent de la production d’orge.
Côté consommation, le département US de l’agriculture s’attend à ce que la consommation intérieure totale augmente légèrement à 3.1 MT, reflétant la tendance moyenne de la croissance démographique d’environ 2 pour cent. La consommation par habitat est estimée à environ 260 kg en 2022/23, avec une population de 12.02 millions.
L’estimation du stock de clôture de la saison 2021/22 est révisée de 707,000 MT à 648,000 MT, reflétant les statistiques de production finale du Ministère d’Agriculture.
Toutefois, il est noté que la Tunisie subventionne la consommation de blé, garantissant à toute la population l’accès à la farine de blé, la semoule, et le pain à des prix inférieurs à ceux du marché. Le prix du pain représente une question sensible, et par conséquent, les subventions de blé sont restées inchangées malgré la charge extrême qu’elles font peser sur le budget de l’état.
Les responsables tunisiens et les acteurs du secteur privé sont unanimes quant au fait que la consommation de blé est fortement inélastique, et que malgré les préoccupations budgétaires, les pénuries mondiales d’approvisionnement et l’inflation globale, la consommation tunisienne de blé ne diminuera pas.
La consommation d’orge en 2022/23 est prévue à 1.355 MT, reflétant la même tendance de croissance moyenne d’environ 2 pour cent du blé. L’orge est consommée principalement dans les unités d’engraissement et comme aliment complémentaire, surtout lorsque les parcours des animaux sont limités. Les observations sur terrain du département US en Tunisie montrent que les parcours des moutons et chèvres tunisiens sont dans un état moyen. Les pluies d’avril détermineront la viabilité en tant que sources d’alimentation pour 2022/23.
Sur le plan des échanges commerciaux, il est attendu que les importations atteignent 2.1 MT en 2022/23 et ce sur la base d’une consommation inélastique, de niveaux de stock stables et une production moyenne. Les prévisions des importations pour 2021/22 sont maintenues aux estimations initiales de 1.8 MMT.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a coupé la Tunisie de son fournisseur de blé principal, aggravant la situation déjà difficile du pays, souligne le rapport US. Avant l’invasion, la Tunisie a fait face à des prix de fret élevés, à une sécheresse en Afrique du Nord qui augmente la demande d’importations de blé, et à une situation économique fragile qui a affaibli la capacité de l’Office des Céréales à importer des céréales.
Avec la perte des fournisseurs de la mer Noire, la Tunisie sera désormais obligée de supporter les coûts supplémentaires associés à la perte d’environ 30 pour cent de l’approvisionnement mondial de blé exportable. Malgré les inquiétudes concernant la capacité de la Tunisie à payer le blé importé en 2022/23, les parties prenantes de l’industrie locale signalent que la demande d’importation tunisienne restera inélastique. L’estimation d’importation comprend la supposition que la Tunisie maintiendra des stocks équivalents à environ 3 mois d’approvisionnement, c’est-à-dire la quantité nécessaire pour assurer une chaîne d’approvisionnement ininterrompue.
La Tunisie a historiquement importé du blé d’Ukraine, de Russie, et de l’UE et du Canada. Les parts de marché estimées, basées sur une moyenne de cinq ans, montrent ce qui suit : Ukraine (48%), Russie (8%), UE (34%), et Canada (8%).
Concernant la politique commerciale, on souligne que l’Office des Céréales contrôle les importations et les exportations de blé et les produits à base de blé. En tant qu’importateur monopolistique, tous les appels d’offres de blé de l’Office des céréales sont destinés à un usage domestique. Le blé importé est vendu sur le marché à un taux subventionné, et la différence est couverte par le gouvernement. Malgré des inquiétudes que la subvention de blé devienne trop chère pour le budget, il n’y a aucune indication que le programme de subvention changera ou que les importations diminueront.
Les meuniers privés peuvent importer du blé sur un régime d’admission temporaire, mais sont demandés d’exporter le produit fini après la mouture en Tunisie. Les exportations des produits à base de blé tunisien nécessitent une licence d’exportation.
Les importations d’orge de 2022/23 sont prévues à 950,000 MT afin de répondre à la consommation domestique. On estime une augmentation par rapport aux prévisions préliminaires des importations d’orge pour 2021/22 à 880,000 MT pour refléter la révision à la baisse de l’estimation de la production de 2021/22.
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