Economie

Export de l’huile d’olive : les rentiers continuent le bradage

Export de l’huile d’olive : les rentiers continuent le bradage

Le secteur de l’exportation de l’huile d’olive en Tunisie semble être dominé par des rentiers et caractérisé par une tendance à brader les produits. À partir du 15 mai 2023, les exportateurs privés seront autorisés à exporter de l’huile d’olive en vrac dans le cadre du quota alloué à la Tunisie par l’Union européenne.

Cette décision fait partie des nouvelles réglementations qui fixent les conditions et les modalités d’octroi et de retrait des autorisations d’exportation d’huile d’olive tunisienne aux exportateurs privés dans le cadre du quota de l’UE, tel que précisé par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche le 10 mai 2023.

Cependant, cette décision a un double impact négatif. D’une part, elle réduit les quantités d’huile d’olive destinées à la consommation locale, entraînant ainsi une pénurie sur le marché intérieur. D’autre part, elle favorise les exportateurs agissant dans un cadre monopolistique, car ils sont protégés par un système d’autorisation. En augmentant les quotas d’exportation, le marché intérieur est désavantagé au profit des exportateurs, ce qui renforce leur position dominante.

Faible consommation locale

Selon une enquête de consommation réalisée en 2015 par l’INS (Institut national de la statistique), un Tunisien consomme en moyenne 25,7 kg d’huile par an, dont 7,4 kg d’huile d’olive. Cela correspond à une consommation totale d’huiles végétales de 310 000 tonnes, soit environ la production annuelle d’huile d’olive lors d’une bonne récolte.

Il est donc légitime de se demander s’il ne serait pas préférable de limiter l’exportation d’huile d’olive et de réserver la production en priorité à la consommation locale. Dans ce contexte, il serait judicieux de renoncer à l’importation d’huiles végétales de mauvaise qualité, qui deviennent de plus en plus chères sur le marché international, dépassant même le prix de l’huile d’olive tunisienne.

Bradage et pratiques rentières

Malgré ces problématiques, le ministère de l’Agriculture envisage d’étendre et d’intensifier la culture de l’olivier dans le but d’augmenter les volumes d’exportation. Ces dernières années, le ministère a mis en place une politique d’extension de la culture de l’olivier avec l’objectif de planter 10 millions d’oliviers, couvrant près de 100 000 hectares, dont 20% seraient irrigués.

Cependant, cette politique d’extension de la culture de l’olivier se heurte aux contraintes de la sécheresse causée par les changements climatiques.

L’Observatoire National de l’Agriculture (ONAGRI) rapporte que lors de la campagne 2021/2022, la production d’huile d’olive en Tunisie a atteint 240 000 tonnes, dont environ 80% étaient de l’huile d’olive vierge extra. En 2022, les exportations de l’huile d’olive ont atteint 208 mille tonnes dont 87% vrac et 13% conditionnées pour une valeur de 2,2 milliards de dinars. 64% des quantités exportées par la Tunisie en 2022 ont été orientées vers les marchés de l’Union Européenne (principalement vers l’Espagne (34%) et l’Italie (24%).

Au niveau mondial, la Tunisie est classée 3ème producteur et 2ème exportateur d’huile d’olive au cours de la campagne 2021/2022 et ce, au grand bonheur des exportateurs rentiers de plus en plus « encouragées » pour le gain facile et l’accumulation des parts dans des sociétés souvent domiciliées à l’extérieur du pays du fait qu’elles sont montées avec des partenaires étrangers.

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