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France : ils s’acharnent sur le lycée musulman de Lille alors que le Tribunal administratif a tranché

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Surréaliste. Deux “éminents” ministres, deux poids lourds du gouvernement, qui s’acharnent sur un établissement scolaire, en l’occurrence le lycée musulman Averroès de Lille. Alors que la juridiction administrative a dit “circulez, y a rien à voir”. S’il n’y avait que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dont on connait le peu d’appétit pour l’islam, à la limite ça ne ferait pas un pli. Mais là il y a la ministre de l’Education, Élisabeth Borne, une ancienne socialiste qui a fait ses armes sous l’aile de l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë. Venant d’elle la chose étonne.

Elle a annoncé ce mardi 29 avril qu’elle allait «faire appel» du verdict rendu par le Tribunal administratif de Lille sur le dossier du lycée musulman Averroès. Rappelons que la juridiction avait décidé la semaine dernière de rétablir dans ses droits le principal lycée musulman sous contrat de France. Ce contrat d’association avec l’État avait été rayé en décembre 2023 par la préfecture du Nord…

Un dossier dans lequel s’était impliqué, beaucoup trop, le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, le même qui reproche à Retailleau d’avoir trop tardé à se déplacer dans le Gard après le meurtre atroce du jeune Malien dans une mosquée.

La préfecture du Nord avait justifié la frappe par des «manquements graves aux principes fondamentaux de la République (…). Il y a plusieurs manquements graves qui ont amené l’État à résilier ce contrat», a argué la ministre de l’Éducation sur TF1. Parmi ces dysfonctionnements «il y a notamment le fait que l’établissement a interdit l’accès à des inspecteurs de l’Education nationale pour pouvoir faire un contrôle de l’établissement et ça c’est inacceptable», a-t-elle indiqué.

«C’est un établissement sous contrat, ça veut dire qu’il est financé à 75% par de l’argent public, c’est inacceptable qu’on ne permette pas à des agents de l’État d’accomplir leur mission dans l’établissement, donc j’ai décidé en effet de faire appel», a martelé la ministre.

Le Tribunal administratif de Lille a justifié sa décision de casser la résiliation du contrat d’association par le fait que la mesure n’apportait pas la preuve formelle de «l’existence de manquements graves au droit» et que la procédure était «entachée d’irrégularités». En principe cet argumentaire était suffisamment convaincant pour que la ministre passe son chemin et qu’elle grille son temps dans d’autres dossiers, plus urgents, les turpitudes des lycées catholiques par exemple. Mais non, Mme Borne insiste.

Mais elle n’est pas la seule, Retailleau est monté au front dès le 25 avril 2025, dans une conférence de presse à Marseille. Il avait qualifié cet établissement scolaire de «bastion de l’entrisme islamiste (…). On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l’argent des Français n’a rien à faire dans ce genre d’organisation (…). Pour ce qui me concerne, je souhaite que l’Etat fasse appel».

Une indignation partagée par son collègue à la Justice, Gérald Darmanin (lui et Retailleau ne se perdent jamais de vue) : «Ce n’est pas seulement un combat juridique, c’est aussi un combat culturel», a lâché le ministre dans un entretien avec le journal La Voix du Nord, tout en soulignant qu’«il faut des lycées musulmans sous contrat». Donc sur ce dossier il ne serait pas aussi radical que le Premier flic de France.

Retailleau s’est engagé à publier «dans quelques jours» un rapport «accablant», «constitué à partir de renseignements des services les plus qualifiés de l’Etat», sur le «“frérisme”, les frères musulmans et leur entrisme». Il est loin d’en avoir terminé avec le lycée musulman de Lille et toutes les autres manifestations de l’islam en France…

L’association gérant l’établissement a protesté dans un communiqué, dénonçant le fait que le ministre foule «aux pieds l’état de droit» et propage «des rumeurs destinées à fracturer la société française en ciblant les musulmans».

Le directeur du groupe scolaire Éric Dufour a également taclé sévèrement la décision de la ministre de faire appel. Il a déclaré que ce n’est pas une «surprise» mais que «c’était décevant. On voit bien que chez les politiques il y a un acharnement contre le lycée Averroès».

Un ministre (celui de la Justice) qui menace de démissionner si son patron – François Bayrou – recule sur le port du voile dans le sport ; un autre ministre (celui de l’Intérieur) qui anime une méga conférence sur l’islamisme ; une autre (celle de l’Agriculture) qui est terrifiée par le visage métissé de la France, etc. Le moins qu’on puisse dire est que l’équipe gouvernementale détonne, face à un Premier ministre manifestement complètement dépassé par ses poids lourds.

 

 

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Publié par
Souleymane Loum