“L’entrisme islamiste“… C’est le nouveau concept à la mode, c’est l’affaire qui remue l’exécutif français, jusqu’au sommet de l’Etat : la présidence de la République. Comme si Paris n’était pas attendu sur d’autres dossiers urgentissimes tels que Gaza, avec des mesures à la hauteur de la tragédie ; comme si la France n’était pas attendue sur une autre affaire prégnante, le conflit ouvert avec l’Algérie. En ce moment ce sont les Frères musulmans et le projet que leur prêtent les complotistes de la France et de Navarre : S’emparer de la République, occuper tout l’espace, lobotomiser la jeunesse et remodeler la trajectoire du pays. Rien que ça !
Retailleau avance, l’unité nationale recule…
Les Frères musulmans sont sur le gril et il y a des chances que le pouvoir en place s’étale sur la question. Pourquoi ? Parce que c’est vendeur politiquement. Parce que ce débat ne mange pas de faim et qu’il rapporte gros électoralement. Enfin, ça c’est ce que croient les acteurs de cette dynamique suspecte. En tout cas les autorités prennent cette affaite très au sérieux, au point qu’elle a fait l’objet d’un rapport, un document qui a été épluché par le président Emmanuel Macron ce mercredi 21 mai.
Le chef de l’Etat a convoqué un Conseil de défense au palais de l’Elysée. La réunion était axée sur le développement d’un islamisme “par le bas“. Il se dit que le rapport “indique qu’il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale“, voire “de submersion“. Enfin, ça c’est ce qu’a dit devant les médias le très actif ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau…
L’homme s’inquiète d'”un islamisme à bas bruit qui se répand en tentant d’infiltrer les associations sportives, culturelles, sociales ou autres“. Le ministre de l’Intérieur est d’avis que “l’objectif ultime est de faire basculer toute la société française dans la charia“. A ce stade on se sait pas si sa conviction est ancrée, sur la base de preuves formelles, ou si c’est une simple posture pour sa tambouille électorale sur la route de la présidentielle de 2027.
Voilà ce qu’en dit le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dans un message posté sur X. “J’alerte. Cette fois-ci, l’islamophobie franchit un seuil. Un Conseil de défense autour du Président accrédite les thèses délirantes de Retailleau et de Le Pen. Ça suffit! Vous allez détruire notre pays“…
“Ce genre de méthodes a déjà été appliqué dans le passé d’abord contre les protestants et les juifs. Cela conduit tout droit à un déchaînement d’inquisitions cruelles contre les personnes et désastreuses pour l’unité du pays. Arrêtez ça!“, assène le triple candidat à la présidentielle.
Voici la réplique de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal à Mélenchon : “Ceux qui affirment que cette mesure est contre l’islam, c’est ceux qui confondent islam et islamisme. j’écoute les hommes, les femmes de religion qui disent que ça n’a jamais été dans les textes de l’islam“.
Enfin voilà la ligne de défense de la présidence de la République : l’Elysée clame qu’elle ne veut pas basculer “dans l’amalgame (…). Quand l’État lutte contre le séparatisme, on ne lutte pas contre l’islam mais contre l’islamisme, l’islam radical“.
Ça commence à faire beaucoup
Nous ce qu’on en dit c’est que ça commence à faire beaucoup, ce qu’on en dit c’est que quand ce sont systématiquement les mêmes (les musulmans, les étrangers, les Algériens…) qui sont questionnés, scrutés à la loupe, accusés de, soupçonnés de, à tout le moins ça interroge. La députée Sandrine Rousseau a publiquement accusé la France de verser dans l’islamophobie, cette réunion chez Macron marque un tournant qui donne du grain à moudre à toutes les thèses et leur contraire sur cet islamisme réel ou fantasmé : “Si le président de la République s’y intéresse c’est que forcément…”.
Retailleau avait annoncé qu’il jetterait prochainement sur la place publique ce rapport sur “l’entrisme islamiste“, on attend les éléments matériels pour juger de la pertinence de ce tintamarre. En tout cas lui n’a pas attendu pour nourrir ses soupçons. A ce qu’on sache la Grande Mosquée de Paris n’est pas administrée par des fanatiques, par des fous furieux et des prosélytistes qui veulent islamiser à tout-va…
Pourtant quand le recteur a invité le ministre de l’Intérieur à communier durant le Ramadan, autour de “l’iftar des ambassadeurs“, il a refusé au motif que cette rencontre était trop connotée religion, alors que son prédécesseur Gérald Darmanin s’y est rendu. Le même Darmanin, ministre de la Justice, qui a menacé de rendre son tablier si le gouvernement valide le port du voile dans le sport. Il n’y a rien qui enflamme plus les esprits que l’islam et les objectifs qu’on lui prête.
Quand Retailleau, fervent catholique, se rend à Ajaccio (Corse) pour assister à la Messe servie par feu le pape François ou quand il se rend au Vatican pour assister aux funérailles de ce dernier ça ne fait pas un pli. Mais les barbes, les voiles, la prière, le Ramadan et l’Aïd des musulmans demeurent une étrangeté dans la République. Quand Macron finit par prendre cette voie, attiré par les clameurs et l’agitation de ses ministres, forcément ça ne fait pas du bien à l’unité nationale. Tout ce raffut provoque, heurte et offense les mêmes, la cohésion nationale n’a rien à y gagner.
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