A la une

France : Le deuxième imam expulsé en moins de 24h pour ses propos sur les Juifs, un Algérien, mais il y a un os…

Partager

Quand on vous disait que la France n’est plus le paradis des religieux – je parle des musulmans – depuis que la Loi immigration est entrée en vigueur. Comme il l’avait fait pour l’imam tunisien expulsé vers son pays le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est fendu d’un poste sur X (ex-Twitter) pour manifester sa joie après l’expulsion express d’un imam algérien, Mohamed Tataïat. «Une nouvelle fois, la loi immigration nous permet d’expulser dans son pays d’origine, en moins de 24 heures, un ”imam” de Toulouse, prêcheur de haine et condamné par la justice», a posté Darmanin, les mêmes propos après le rapatriement du Tunisien Mahjoub Mahjoubi, condamné pour les mêmes faits

L’imam de nationalité algérienne, qui prêchait à Toulouse, a été expulsé vers son pays natal après sa condamnation définitive pour provocation à la haine et incitation à la violence, toujours contre la communauté juive. L’homme a débarqué en France en 1985 comme imam détaché algérien. Il avait atterri à Toulouse deux ans après pour officier à la mosquée du quartier Empalot…

Manifestement il n’a pas fait de vagues pendant un paquet d’années. Mais en juin 2018 le préfet de Haute-Garonne saisit les autorités suite à un prêche fait le 15 décembre à la mosquée En Nour. Le plaignant parle de «provocation à la haine et à la discrimination à l’égard des juifs». Le 31 août 2022 l’Algérien écope de 4 mois de prison avec sursis pour ce prêche, verdict prononcé par la Cour d’appel de Toulouse. Le 19 décembre dernier la Cour de cassation déboute le pourvoi de l’imam, les dés sont jetés.

Le 5 avril 2024 le ministre de l’Intérieur signe son arrêté d’expulsion et hier vendredi il est cueilli à son domicile sur autorisation du juge des libertés et de la détention, il est immédiatement expulsé.

«Il n’y avait pas d’urgence, il est sur le territoire français depuis quarante ans, il a des enfants, il travaille, il n’a pas fait parler de lui depuis sept ans, et là il se retrouve dans un avion en direction de l’Algérie», a commenté l’un de ses avocats, Jean Iglesis. Il s’insurge contre une «expulsion manu militari pour éviter qu’on fasse suspendre l’arrêté [d’expulsion]». Il a fait savoir qu’une audience pour examiner une requête en référé des avocats de l’imam est programmée lundi prochain au Tribunal administratif de Paris.

Mais il y a très peu de chances que Mohamed Tataïat obtienne gain de cause. Un Ouzbek, expulsé en décembre 2023 sur la base de simples présomptions de radicalisation, attend toujours son retour en France, alors que le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’Homme ont dit formellement qu’il n’y avait aucune preuve matérielle des prétendues dérives avancées par Darmanin. Mais comme le ministre en a fait une affaire personnelle…

Me Iglesis est très amer : «Ce qui se passe est d’une certaine gravité […] C’est une défiance à l’égard de la défense et de l’autorité judiciaire». Il affirme qu’on ne l’a pas laissé voir son client quand il était en instance d’expulsion à l’aéroport de Toulouse. Par ailleurs il soutient que Tataïat n’a pas été informé sur son expulsion.

L’imam franco-marocain Yassin El Himar a eu plus de chance, si on peut dire. Pour les mêmes délits il a été condamné à 12 mois de prison avec sursis plus une mise à l’épreuve de 2 ans, mais pas question de le déchoir de sa nationale française et encore moins l’expulser vers le Maroc. Cela fait partie des dizaines d’articles que le Conseil constitutionnel avait censurés dans la Loi sur l’immigration. On lui a juste interdit d’exercer sa fonction d’imam durant 2 ans.

 

Laissez un commentaire