A la une

France : Un Guinéen expulsé alors qu’il a un CDI depuis 2021, avant les frappes de la Loi sur l’immigration

Partager

 

C’était une des promesses du Projet de Loi sur l’immigration, introduite par le ministre du Travail Olivier Dussopt : la régularisation massive des sans-papiers dans les métiers en tension. Mais ça c’était avant que la droite ne serre drastiquement les boulons et gomme cette disposition pour  des quotas stricts. En attendant que le Conseil constitutionnel dise son mot sur le texte cher au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin il y a ces drames humains, quotidiens : Ousmane Touré, un Guinéen de 23 ans qui avait un contrat à durée indéterminée (CDI) depuis mai 2021, a été expulsé de France samedi 23 décembre vers son pays d’origine…

 “Il n’a même pas eu le droit de revenir chez lui, il n’a pas pu récupérer ses affaires“, se plaint son employeur. L’homme travaillait au Ginger, un restaurant de La Rochelle. “Depuis trois ans, il est rigoureux, irréprochable et toujours souriant à son poste de plongeur“, un “pilier” de l’équipe, poste sur Facebook le patron de l’établissement, Carlos Foito.

Ce dernier refuse de tirer un trait sur cette affaire, il ameute la ville pour ramener en France Ousmane Touré, un salarié modèle, professionnel et “adoré” de tous. “Il m’appelait papa, et je l’appelais fils“, confie-t-il à France 3 Nouvelle-Aquitaine. Après la médiatisation de l’affaire il a reçu de nombreux témoignages de soutien dont celui du maire de La Rochelle, Jean-François Fountaine…

La préfecture de la Charente-Maritime reste inflexible, droit dans ses bottes : l’expulsion de Touré “est (…) la conséquence de l’application stricte du droit du séjour“.

Vendredi dernier le malheureux est allé au commissariat pour “pointer“, comme le lui ont signifié les autorités, d’après France 3 Nouvelle-Aquitaine. “J’ai essayé de l’appeler, je ne comprenais pas pourquoi il ne venait pas au travail“, déclare le patron du restaurant. “Après, j’ai vu qu’un numéro avait essayé de m’appeler plusieurs fois. C’était lui qui m’appelait depuis sa cellule“.

L’obligation de quitter le territoire français (OQTF), qu’appliquent les autorités avec beaucoup de célérité depuis quelques semaines, jusqu’à basculer dans des situations ubuesques, s’est abattue sur le jeune Guinéen. Il avait reçu une première notification en février 2021. Mais il s’est dit que son CDI allait finir par lui garantir la régularisation, il avait même formulé une demande d’admission exceptionnelle dans ce sens…

Après une courte nuit en centre de rétention il a été rapatrié en Guinée. “Même les policiers qui avaient l’habitude de le voir tous les vendredis me disent qu’ils sont peinés pour lui, tant il est gentil“, confie Carlos Foito à Sud Ouest.

Touré a quitté le pays natal à l’âge de 15 ans, après la mort de ses parents. Durant trois longues années il a trimé au Mali, en Algérie et au Maroc pour se payer la périlleuse traversée jusqu’en France. Même ses collègues au restaurant avaient rédigé des lettres pour signifier à la préfecture qu’il s’est parfaitement intégré, raconte France Bleu La Rochelle. Dernièrement son patron a essayé de saisir un député pour lui éviter l’expulsion…

Ça a été trop vite, on n’a pas eu le temps de réagir (…). Je vais essayer de faire une demande pour qu’il revienne.” La préfecture a précisé que si avec l’employeur ils “sollicitent la préfecture en ce sens, une procédure d’immigration légale pourra être envisagée“, a dit Carlos Foito. Donc tout ne serait pas perdu… enfin, selon les déclarations. Avec un ministre de l’Intérieur qui fait de l’expulsion des étrangers une affaire personnelle on ne sait jamais.

 

Laissez un commentaire