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Ils combattent Saied sur son propre terrain : la première attaque est musclée

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A n’en pas douter les prochains mois et très probablement jusqu’à la présidentielle de 2024 seront judiciaires par excellence, avec une pluie d’arrestations et enquêtes à charge – ça démarre fort d’ailleurs -, de batailles juridiques autour de points de droit, de commentaires plus ou moins avisés, etc. Bref, il v a y avoir du sport. Pour les inquiétudes de Farid Belhaj et les angoisses de Fitch tout ça, elles peuvent bien attendre, non ?

A notre niveau nous nous garderons bien de commenter sur le fond ces dossiers judiciaires, jusqu’à ce que la Justice dise le droit. Après on verra. En attendant nous nous référons aux spécialistes en la matière, et en l’occurrence nous avons deux sacrés clients aujourd’hui…

D’abord l’avocat et président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), Bassem Trifi. Il s’est fendu d’un post sur Facebook ce mercredi 15 février pour dire son mot sur les propos du chef de l’État, Kais Saied, hier dans la soirée au ministère de l’Intérieur.

Trifi est d’avis que cette sortie heurte de plein fouet la présomption d’innocence et les fondements d’un procès équitable. Par ailleurs ce discours foule au pied la liberté d’expression et les droits des médias indépendants, toujours d’après le président de la LTDH.

Il a ajouté que le président de la République en déclarant publiquement que les détenus sont des criminels et des terroristes a émis des jugements sans appel, sans attendre les résultats des investigations ainsi que les verdicts relevant des tribunaux.

«Arrêtons de parler de droits de l’Homme, de libertés individuelles, de procès équitables, de justice indépendante et de procédures dans les règles de l’art. Arrêtons, c’en est assez !», a-t-il asséné dans sa publication.

Rappelons que la LTDH est un des acteurs de l’initiative de sauvetage national impulsée par l’UGTT. La centrale syndicale vient de dire tout le mal qu’elle pense des frappes téléguidées par le palais de Carthage. Les autres membres du Quartet – l’Ordre national des avocats et le FTDES – ne devraient pas tarder à sortir du bois.

Autre personnalité même son de cloche : l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab. Il est intervenu sur Mosaïque FM ce mercredi 15 février. Lui aussi est d’avis que le président de la République a violé l’article 33 de la nouvelle Constitution qu’il a lui-même confectionnée. Pour rappel cet article stipule que tout accusé est présumé innocent jusqu’à ce qu’on démontre le contraire, preuve à l’appui.

Il a pointé l’attitude paradoxale d’un chef d’Etat qui martèle fréquemment le respect des dispositions de la loi et “pourtant ce qu’il fait est absolument le contraire“. Est-ce qu’après ça on peut encore parler de primauté de la loi, s’est interrogé l’ancien juge.

Par ailleurs il a dénoncé l’impunité dans laquelle baignent les sympathisants de Kais Saied. “Nous ne sommes pas égaux devant la loi“, a asséné Maître Souab. Ce qu’on expérimente actuellement est “fou“.

Si la justice et les médias sont muselés la démocratie s’effondre“, a-t-il alerté…

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