Au vu de plusieurs indicateurs, il est attendu, que les répercussions des droits de douane annoncés par le président américain Donald Trump soient limitées sur l’économie tunisienne compte tenu de la faiblesse des échanges commerciaux entre les deux pays alors que la Tunisie fait partie du groupe des pays couverts par l’augmentation des droits de douane sur ses exportations de 28%.
Le commerce entre la Tunisie et les États-Unis se fait dans le cadre du système préférentiel américain, qui accorde à 3 500 produits tunisiens des avantages fiscaux, incluant notamment les exportations alimentaires, agricoles et textiles, tandis que la Tunisie impose des droits de douane allant jusqu’à 55% sur les produits américains.
Défis de compétitivité
Durant des années, les exportations tunisiennes ont bénéficié du système préférentiel américain qui concerne 119 pays dans le monde, ce qui a aidé le pays à accroître ses exportations vers le marché américain et à réaliser un excédent commercial à certaines occasions, grâce notamment à une augmentation de la part des exportations d’huile d’olive et de dattes.
Toutefois, il est peu probable que l’imposition de droits de douane de 28% sur les produits tunisiens exportés vers les marchés américains réduise leur compétitivité ou entrave leur accès à l’un des marchés mondiaux les plus importants sur lesquels les exportateurs tunisiens ont travaillé ces dernières années.
Selon les données officielles de l’Institut national de la statistique (INS), les États-Unis représentaient 17,2% des exportations tunisiennes d’huile d’olive jusqu’à la fin du mois de février 2025, tandis que les exportations totales vers ce pays s’élevaient à 359,7 millions de dinars (116 millions de dollars) et les importations du marché américain sont de 479 millions de dinars (154 millions de dollars). Au total, le volume des échanges commerciaux entre la Tunisie et les États-Unis d’Amérique, selon les indicateurs de l’Institut, est estimé à environ 3,5% du total des transactions commerciales du pays à l’extérieur.
Diversifier les échanges
D’après l’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI), les Etats-Unis représentaient 24% des exportations tunisiennes d’huile d’olive à la fin du mois de février, juste derrière les marchés européens. La Tunisie est le troisième exportateur d’huile d’olive vers les États-Unis, pour une valeur de 70 millions de dollars par an, et est en tête de liste des exportations de dattes vers le même marché, car les dattes tunisiennes et plusieurs autres produits sont soumis à l’exonération des droits d’importation.
L’année dernière, les exportations tunisiennes vers les États-Unis ont atteint plus de deux milliards de dinars (666 millions de dollars), avec un excédent d’échanges entre les deux pays d’environ 216 millions de dinars. La Tunisie exporte vers le marché américain des produits agroalimentaires, principalement de l’huile d’olive mis en bouteille à haute valeur ajoutée, des dattes, ainsi que des jeans, des textiles et certains produits des industries mécaniques et électroniques.
Dans le même contexte, on s’attend à ce que la décision tarifaire du président Trump présente certains avantages qui pourraient profiter à l’économie tunisienne, notamment en ce qui concerne l’effet de la baisse du prix du pétrole, ce qui réduit la facture d’importation d’énergie, ainsi que la possibilité de bénéficier de la dépréciation du dollar par rapport à l’euro ce qui limite aussi la valeur du service de la dette extérieure.
Les avantages pour la Tunisie des décisions d’augmentation des droits de douane pourraient également s’étendre pour attirer les investisseurs européens et délocaliser une partie de leurs industries vers la Tunisie, en raison d’un ralentissement économique attendu dans l’Union européenne. Transformer ces opportunités en avantages comparatifs pour l’économie nationale est d’une grande importance, outre la nécessité de chercher à diversifier les partenariats et à s’orienter davantage vers les marchés africains.
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