En cette période électorale, la montée en puissance des discours racistes et des actes de haine en France témoigne d’un climat politique délétère. L’ascension du Rassemblement National (RN) et la banalisation des discours xénophobes ont eu des répercussions inquiétantes non seulement sur le champ politique, mais également dans le quotidien des personnes immigrées ou perçues comme étrangères.
Montée de l’extrême droite en France
La France traverse actuellement une période politique marquée par une puissante vague d’extrême droite. Cette évolution s’est cristallisée lors des récentes élections européennes, où le Rassemblement National (RN), dirigé par Jordan Bardella, a infligé une sévère défaite au camp du président Emmanuel Macron.
Face à cette situation, Macron a pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives anticipées. Les résultats du premier tour (30 juin) ont confirmé les tendances inquiétantes : le RN et ses alliés ont recueilli environ 33,1% des voix, dépassant le Nouveau Front populaire (27,9%) et le mouvement présidentiel Ensemble (20,8%). L’attention se porte à présent sur le second tour des élections prévu dimanche prochain, le 7 juillet, alors que le barrage face au RN comporte encore de nombreuses fuites.
Normalisation des actes racistes
La montée de l’extrême droite s’accompagne d’une recrudescence d’actes de violence raciste un peu partout dans l’Hexagone. Plusieurs cas motivés par des préjugés ethniques dépeignent un climat de plus en plus hostile, anxiogène et intolérant envers les minorités.
Le 1er juillet, le tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse a jugé deux hommes pour une agression raciste d’une violence extrême, relate Mediapart. Maxime B., 25 ans, et Adrien V., 23 ans, ont attaqué Mourad B., un homme de 37 ans, le 26 juin à Cessy (Ain). En état d’ébriété, les agresseurs ont frappé leur victime aux cris de «sale bougnoule», provoquant des blessures graves. L’avocat de la victime, Me Ilyacine Maallaoui, a tenté de faire requalifier les faits en tentative d’homicide, déclarant que son client devait sa survie aux cris d’une voisine ayant filmé la scène.
Les agresseurs, jugés en comparution immédiate, ont été condamnés à quatre ans de prison, dont un an avec sursis, assorti de cinq ans d’inéligibilité, au lendemain du premier tour des législatives anticipées en France. Cette agression s’inscrit dans un contexte où le RN a recueilli 39,37% des voix lors du premier tour des législatives dans la troisième circonscription de l’Ain.
Incidents racistes multiples
D’autres incidents illustrent à leur tour cette montée des violences racistes. Un des cas marquants est celui d’un étudiant de 19 ans vivant à Marsillargues, agressé le 22 juin par quatre hommes qui l’ont battu et plongé la tête sous l’eau en le traitant de «sale arabe». Il précise également que les agresseurs hurlaient : «Tu n’as rien à faire ici», en référence à sa prétendue origine, en disant : «Tu viens de Djihad City», une insulte faisant écho à la ville de Lunel, connue pour avoir été un foyer de radicalisation.
L’un des agresseurs a brandi un couteau pendant l’agression, et les autres en ont profité pour lui asséner des coups de poing. Ils ont également volé ses affaires personnelles, comprenant son portefeuille, ses papiers d’identité, sa carte bancaire, son téléphone portable, ainsi que 30 euros en espèces. Traumatisé, le jeune homme ne souhaite plus sortir de chez lui. Sa tante témoigne auprès du quotidien Midi Libre affirmant qu’« habituellement, c’est un garçon joyeux. Ce n’est pas un garçon à problèmes. Il fait du sport, ne boit pas, ne fume pas, ne traîne pas avec de mauvaises personnes. Mais là, il est terrorisé, c’est la première fois que je le vois comme ça». La brutalité de l’agression et la nature des insultes témoignent d’une intensification des comportements xénophobes.
Sentiment de toute puissance raciste
De leur côté, les journalistes sont également pris pour cible. En effet, Karim Rissouli, journaliste d’origine marocaine, a reçu une lettre anonyme quelques jours avant le premier tour des élections européennes, contenant des propos haineux et justifiant le vote en faveur du RN.
Parallèlement, Mohamed Bouhafsi, Franco-algérien, également journaliste de France 5, a révélé le 25 juin des messages racistes reçus via les réseaux sociaux. Ces insultes, directement dirigées contre ses origines, incluaient des propos tels que «Les maghrébins et africains ne vont jamais s’intégrer chez nous», ainsi que des termes offensants : «sale arabe» et «sale racaille». D’autres messages haineux reçus d’internautes affirmaient : «Vous pleurez le racisme tout le temps alors rentrez chez vous» et «On n’en veut plus des têtes d’arabe comme toi», illustrant une hostilité croissante envers les personnes d’origine maghrébine.
Au-delà de ces agressions contre les journalistes, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale et personnalité publique d’origine Franco-marocaine, a également été la cible d’attaques racistes de la part du député sortant du RN, Roger Chudeau. Ce dernier a publiquement qualifié la nomination de Vallaud-Belkacem d’«erreur, et pas une bonne chose pour la République», en ajoutant sur BFMTV : «Najat Vallaud-Belkacem, Franco-marocaine, qu’a-t-elle fait ? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d’arabe».
Loin d’être des critiques politiques ordinaires, cette libération de la parole raciste est accompagnée par une violence décomplexée visant les étrangers et les minorités. Un sentiment de toute puissance des citoyens racistes qui estiment que les succès électoraux de l’extrême droite légitiment les rapports de domination fantasmés et certains médias les encourages indirectement devant un laisser-aller des autorités fraçaises.
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