Départs massifs : entre incertitudes politiques et insécurité
Israël connaît une vague de départs sans précédent. Entre janvier et décembre 2024, 82 700 Israéliens ont quitté le pays sans y revenir, selon les chiffres du Bureau central des statistiques. Seuls 24 000 d’entre eux ont fait le choix du retour, marquant un écart jamais observé auparavant.
Ce phénomène ne se limite pas aux conséquences du conflit à Gaza. L’instabilité politique, la montée de l’extrémisme religieux et une situation économique de plus en plus fragile figurent parmi les principales motivations de ces départs.
Une élite en exil : vers une fuite des cerveaux ?
D’après un professeur de sociologie de l’université de Tel-Aviv, une grande partie des expatriés appartiennent aux catégories socio-professionnelles les plus qualifiées, ce qui soulève des craintes quant à un exode des talents. Il précise que “cette tendance est bien plus marquée que lors de la dernière décennie”.
Les travailleurs du secteur technologique sont particulièrement concernés. Une agente immobilière installée à Chypre observe une forte augmentation des demandes de logement de la part de familles israéliennes cherchant à s’installer sur l’île. “En un an, plus de 200 familles ont choisi de s’y établir, et les demandes continuent d’affluer”, témoigne-t-elle.
Inquiétudes politiques et perte de confiance
Un jeune Israélien, qui préfère rester anonyme, affirme qu’il se prépare à quitter le pays pour l’Espagne avec son épouse. “Je ressens de la honte à l’idée de partir avant la fin du conflit, mais je ne vois pas d’avenir ici”, confie-t-il. Il pointe du doigt “une politique qui s’éloigne des principes démocratiques” et la montée des extrémismes religieux et politiques.
L’incertitude quant à l’issue des prochaines élections alimente également ces départs. Un expert en immigration note que “les départs ne sont pas uniquement liés à la guerre. Beaucoup ne croient plus en l’avenir du pays et veulent offrir un futur plus stable à leurs enfants”.
Un phénomène qui pourrait s’intensifier
Face à ce mouvement inédit, le gouvernement israélien reste silencieux. Pourtant, si la tendance se poursuit, les conséquences économiques et sociales pourraient être majeures. “Si rien ne change après les prochaines élections, de plus en plus de personnes feront le choix de l’exil“, prédit un musicien israélien de 34 ans.
Une crise de confiance sans précédent semble s’installer durablement.
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