Economie

La Banque centrale propose ses « solutions » aux créances grillées

La Banque centrale propose ses « solutions » aux créances grillées

La Banque Centrale de Tunisie vient de publier une nouvelle circulaire ayant pour objet la « Prévention et la résolution des créances non performantes » sous le numéro 2022-01.

L’Ordre des Experts Comptables de Tunisie a commenté la publication de la circulaire en évoquant qu’elle prévoit, notamment, l’obligation pour les banques et les établissements financiers d’évaluer systématiquement et durant tout le cycle de vie de la créance, la viabilité de la situation des débiteurs se basant, entre autres, sur leurs états financiers, leurs plans d’affaires et l’appréciation de la solvabilité.

Aussi, les dispositions de la nouvelle circulaire portent en l’occurrence sur l’exigence d’un rapport annuel sur la gouvernance, l’activité, les performances, la liquidité, la solvabilité du débiteur et, le cas échéant, les relations entre les entités du groupe d’affaires pour les débiteurs relevant du secteur public ou privé (grands risques) ayant un engagement global auprès du secteur financier qui dépasse 100 millions de dinars.

Ce rapport doit être revu par un Expert-Comptable inscrit au tableau de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.

Rappelons que selon le dernier rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) sur la supervision bancaire édité récemment, en 2020, la qualité du portefeuille crédit n’a été que partiellement affectée par les retombées de la crise sanitaire.

Le rapport note un taux de migration moyen des créances courantes vers les créances classées en baisse revenant de 2,7% en 2018 à 2,4% en 2019 et à 1,9% en 2020 et une part des créances classées de 13,6% en 2020, soit un niveau comparable à celui de 2019, en lien avec les opérations de cession et de radiation des créances pour 491 millions de dinars (MD).

Il est à noter que le site « The Banker » a publié fin novembre dernier une note intitulée « Les banques tunisiennes sur un terrain instable alors que les difficultés économiques persistent ».

Il a été indiqué, à cet effet, que le secteur bancaire tunisien, dominé par des institutions publiques, est confronté à un certain nombre de risques alors que l’économie continue de stagner, notamment en raison de leur forte exposition à la dette publique. 

Bien que la rentabilité reste élevée, les niveaux croissants de prêts non performants du secteur et les faibles niveaux des fonds propres pourraient entraîner des problèmes dans un proche avenir si les perspectives économiques se détérioraient, a souligné la note.

On déclare, aussi, que Jamal El Mellali, directeur associé bancaire chez Fitch Ratings avait expliqué qu’« avant Covid, les banques tunisiennes avaient tendance à afficher des marges saines » ajoutant que celles-ci « opéraient dans un environnement à taux d’intérêt élevés avant les baisses de taux, ce qui est positif pour les rendements des actifs car les banques prêtent à taux variable. Les crédits sont financés par des dépôts de clients bon marché ou non rémunérés et en fin de compte, les charges de dépréciation des prêts représentaient un tiers du bénéfice avant dépréciation, ce qui n’est pas élevé, surtout compte tenu de l’état de l’économie tunisienne ».

Il a été affirmé, également, à cet effet qu’un retour aux niveaux de rentabilité d’avant la pandémie est peu probable dans un avenir proche – selon une note d’octobre de Fitch qui prévoit que la faiblesse de la qualité de crédit fera accroître le provisionnement outre l’exposition des principaux prêteurs à des niveaux élevés de dette publique ce qui pourrait être source de problèmes pour le secteur dans les années à venir.

« The Banker » a rappelé que les prêts non performants (NPL) se sont élevés dans l’ensemble du secteur depuis un certain temps, en oscillant autour de 13% au cours des trois années précédant 2020, et juste au-dessus de 10% pour les grandes banques. Le ratio global des NPL du secteur est passé à 13,8% en juin 2021, mais ce chiffre ne dit pas tout à l’examen de la situation des banques, d’une façon individuelle, où certaines d’entre elles enregistrent des NPL beaucoup plus élevés, en particulier les banques publiques ; certaines rapportent plus de 20 %, déclare El Mellali. 

« Une chose intéressante et importante à noter, est qu’une grande partie du stock de NPL remonte à 2013-2016, au lendemain de 2011 », signale l’analyste qui considère que « prêter à l’État est risqué compte tenu de sa faible flexibilité financière ».

« Un autre élément qui préoccupe est l’exposition importante des banques aux risques liés aux prêts octroyés aux entreprises publiques du fait que l’exposition totale peut dépasser 300% des fonds propres, ce qui est extrêmement élevé compte tenu des faiblesses de leurs situations financières » conclut le responsable de Fitch Ratings.

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