La Banque Centrale de Tunisie (BCT) vient de publier sa note sur les dernières évolutions économiques et monétaires.
La note révèle que les récentes prévisions à moyen terme ont revu à la hausse la trajectoire future des prix à la consommation, elles tablent sur un taux d’inflation moyen de 6,8% en 2022 avant de s’atténuer à 5,6% en 2023 et ce, après avoir enregistré 5,7% en 2021.
Par principale composante, l’inflation des produits administrés devrait se maintenir à des niveaux élevés en s’établissant à 6,3% en 2022, et à 4,5% en 2023 et ce, après 5,8% en 2021, indique l’institut d’émission.
On explique au fait que le taux d’inflation des produits administrés devrait se maintenir sur des niveaux relativement élevés au 1er semestre 2022, portée surtout par un effet de base haussier important, provenant des hausses antérieures importantes des prix du tabac, ainsi que le relèvement d’un ensemble de prix administrés, en relation avec les pressions provenant des prix internationaux des produits de base et des matières premières, et de l’orientation vers la réduction progressive des dépenses de subvention.
Quant à l’inflation des produits alimentaires frais, on souligne que les faibles perspectives de la production locale sous l’effet de la sècheresse prolongée et le durcissement des restrictions sur l’irrigation, de la hausse des coûts d’intrants et de production, auxquels s’ajouteraient les effets du renforcement de la demande, notamment celle du secteur d’hôtellerie et de restauration, devraient maintenir des pressions à la hausse de l’inflation de l’ensemble des produits alimentaires frais.
La note de la BCT précise que l’incertitude entourant la trajectoire de l’inflation demeure assez élevée et asymétrique vers le haut et les foyers de risques sont multiples. Ainsi, les principaux facteurs de risques pourraient dériver notamment d’une hausse plus importante et durable des prix internationaux des produits de base.
La Banque centrale assure qu’elle demeure vigilante quant à l’évolution de l’inflation durant la période à venir, et usera de tous les instruments mis à sa disposition pour la maintenir à des niveaux acceptables.
Rappelons que le Conseil d’administration du FMI a publié, fin février dernier, les consultations au titre de l’article IV avec la Tunisie. Parmi les recommandations figure une qui conseille aux Tunisiens d’opter pour le ciblage de l’inflation.
L’IFI explique que le ciblage de l’inflation est un mécanisme monétaire qui consiste à fixer un taux d’inflation au début de chaque année administrative et à tout faire pour ne pas le dépasser, durant tout l’exercice. Les avantages sont nombreux, le plus important est la responsabilisation, sur un pied d’égalité monétaristes (Banque centrale) et budgétistes (gouvernement) appelés à coordonner leur action afin de réaliser, moyennant un faible taux de fluctuation, le taux d’inflation fixé.
Néanmoins, dès 2016, date de l’instauration de la loi de l’indépendance de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), cette dernière n’a cessé d’affirmer que sa mission principale est la lutte contre l’inflation. Le résultat est connu puisque la Tunisie a vécu depuis, des vagues sévères et intenses de hausses des prix qui ont détruit aussi bien la consommation, l’épargne et l’emploi et en conséquence le pouvoir d’achat de la population ce qui a creusé spectaculairement le fossé des inégalités sociales.
La BCT n’a pas pu remédier aux problèmes qui se sont aggravés au niveau de l’assèchement en liquidité du secteur bancaire, la sous-capitalisation des banques, l’accumulation de créances douteuses et la hausse des taux d’intérêts comme principale cause attisant la spirale inflationniste. Cette situation illustre la fragilité du système monétaire et bancaire, principale outil de création monétaire, à travers l’octroi des crédits et dont la réforme tarde à venir.
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