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La Chine obligée de “déclarer forfait” : un Sommet avec ses ennemis et alliés des USA

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C’est un retournement de situation spectaculaire à laquelle personne ne s’attendait il y a à peine quelques heures. La Chine a fait savoir ce mardi 26 septembre qu’elle a pris langue avec la Corée du Sud et le Japon pour organiser un Sommet des leaders des trois pays, “le plus tôt possible“. L’intraitable président chinois Xi Jinping qui parlemente avec les protégés de Washington et ennemis historiques de Pékin, c’est un tableau que ne manqueront pas les photographes du monde entier. De toute évidence la Chine a suffisamment de batailles sur le front de son économie pour s’autoriser d’autres conflits ouverts avec le voisinage…

Cette décision a été prise au terme d’une réunion dans la capitale sud-coréenne, Séoul, entre les vice-ministres et ministres assistants. L’objectif est très clair pour les alliés des USA : Calmer la colère montante de la Chine et la convaincre que le partenariat sécuritaire entre Tokyo, Séoul et Washington ne menace en rien l’espace vital de Jinping. Quant à ce dernier il ne sera pas mécontent de montrer un autre visage que l’ogre qui menace de dévorer tout sur sa route, à commencer par la belliqueuse et insolente – par ses succès économiques et démocratiques – île de Taïwan.

Pékin a magnifié des “discussions approfondies sur la promotion d’un redémarrage stable de la coopération” trilatérale. “Il a été convenu que la coopération entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud est dans l’intérêt commun des trois parties“, a dit ce mardi devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Par ailleurs il a été décidé d’organiser une rencontre entre leurs ministres des Affaires étrangères “dans les prochains mois” et “d’encourager la tenue d’une réunion des dirigeants le plus tôt possible“, a-t-il ajouté.

Rappelons que la dernière rencontre entre les trois voisins remonte à 2019, à Chengdu, dans l’ouest de la Chine. Depuis plus rien, d’ailleurs les développements sur le terrain ne le permettent pas, surtout la montée en puissance de la coopération entre les USA et ses alliés dans la région, avec des navires de guerre et avions américains qui foisonnent dans la zone, ce que Pékin ne digère pas. Et puis il y a les contentieux historiques, très lourds : la guerre de 1894 entre le Japon et la Chine, que gagnèrent les Nippons et la colonisation d’une partie de la Chine par le Japon entre 1937 et 1945.

Il y a une telle animosité entre Pékin et Tokyo que les autorités chinoises ont décidé de serrer encore plus la vis sur les libertés individuelles en grande partie à cause de l’influence culturelle japonaise. La musique est toute autre ce mardi : le partenariat entre la Corée du Sud, la Chine et le Japon “joue un rôle important non seulement en Asie du Nord-Est, mais aussi pour la paix, la stabilité et la prospérité du monde“, avait précisé dans un communiqué le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Park Jin, avant la réunion de Séoul.

Les trois voisins vont peut-être prendre conscience de tout ce qu’ils ont à gagner en coalisant “20 % de la population mondiale et 25 % du PIB mondial“. Reste à savoir si les frappes successives de la Maison Blanche en direction de Pékin et les bruits de botte du côté de l’Union européenne ont convaincu Jinping qu’il n’y a pas d’autre voie qu’un repli tactique sur certains sujets. Reste aussi à savoir si la Chine fera des concessions sur des dossiers autres que le commerce et l’économie…

On sait qu’il n’y a pas que les subventions massives des voitures électriques et le climat d’affaires anxiogène en Chine comme points de discorde avec les Européens, il y a aussi les relations très troubles entre Jinping et son homologue russe, Vladimir Poutine. Ce dernier a été invité à se rendre prochainement à Pékin. Européens et Américains surveilleront de très près ce déplacement pour savoir si Jinping donnera un coup de pouce militaire à son “ami” dans sa guerre en Ukraine.

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