La tension diplomatique entre la France et l’Algérie connaît une nouvelle escalade. À compter de ce samedi 18 mai 2025, les ressortissants algériens titulaires de passeports diplomatiques ou de service devront obligatoirement présenter un visa pour entrer sur le territoire français. Cette mesure, qualifiée d’« immédiate », a été ordonnée par l’état-major de la direction générale de la police nationale (DGPN), selon un message interne.
Ce durcissement, inédit depuis des décennies, marque une rupture claire avec les dispositions de l’accord franco-algérien de 2007, qui exemptait les titulaires de passeports diplomatiques de visa. Cette exemption est désormais suspendue dans le cadre de ce que les autorités françaises qualifient de « riposte graduée » à la détérioration des relations bilatérales.
Une réponse directe à l’expulsion de fonctionnaires français
Cette décision fait suite à l’annonce par Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, de mesures proportionnées et fermes en réaction à l’expulsion récente de quinze fonctionnaires français par Alger. Ces agents étaient en poste temporaire en Algérie dans le cadre de missions de renfort administratif. Le chargé d’affaires algérien à Paris avait d’ailleurs été convoqué mercredi dernier pour s’expliquer sur ce geste qualifié par la France d’« injustifié et injustifiable ».
Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a précisé :
« Notre réponse est immédiate, elle est ferme, et elle est strictement proportionnée à ce stade, avec la même exigence : le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’auraient pas actuellement de visa. »
Procédures renforcées aux frontières
Le message transmis par la DGPN à l’ensemble des services chargés du contrôle aux frontières est sans équivoque :
« Le ressortissant algérien, titulaire de passeport diplomatique ou de service, qui ne détient pas de visa lors de la présentation en entrée aux PPF [points de passage frontaliers] fera l’objet d’une procédure de non-admission ou de refoulement. »
Cette directive est applicable aux frontières aériennes et maritimes et impose un strict contrôle administratif, que les services doivent appliquer « sans exception ». La DGPN demande également que tout incident ou difficulté rencontrée dans l’application de cette consigne soit signalé sans délai.
Un nouveau tournant dans des relations fragiles
Les relations entre Paris et Alger traversent depuis plusieurs mois une phase de tensions récurrentes, marquées par des désaccords diplomatiques, des suspensions de coopérations, et des discours offensifs de part et d’autre. Cette dernière mesure, qui touche les plus hauts niveaux de la diplomatie algérienne, illustre la crispation grandissante entre les deux capitales.
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