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La France ne peut plus donner de leçon de droits humains : Amnesty sort un rapport accablant

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On l’a vu venir, avec l’irruption du discours xénophobe jusqu’au Parlement français quand l’armada des 89 élus d’extrême droite a débarqué, on l’a vu venir avec le poison du racisme que distille impunément CNews et qui ne lui a valu qu’une petite audition à l’Assemblée nationale, on l’a vu venir avec ces dérives langagières assumées publiquement et qui n’épargnent aucune sphère de la société. Amnesty International a pris le pouls de la France, elle va mal, très mal au point qu’on se demande ce qu’il adviendra du “pays des droits de l’Homme” tant les rapports humains se sont détériorés…

«La société civile doit être vigilante», a averti hier mardi 23 avril Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France, en marge d’une conférence de presse pour dévoiler son rapport annuel mondial. «La situation des droits humains et du respect des droits humains en France se dégrade […] Il y a de plus en plus de discours de haine décomplexée […], de plus en plus de remise en cause du droit international […] et c’est vraiment un signe mauvais pour l’avenir de notre pays», a-t-il asséné.

Par ailleurs l’ONG pointe les «restrictions excessives» au droit de manifester ou l’introduction de surveillance algorithmique, mais également un «déni qui reste très fort sur l’impact des discours racistes et stigmatisants qui concernent les personnes musulmanes». La situation des droits humains en France a continué son «érosion» l’an dernier, souligne l’organisation.

La loi introduisant la surveillance qui s’appuie sur l’intelligence artificielle, que les autorités présentent comme «expérimentale» et taillée pour sécuriser le pays lors des Jeux olympiques et paralympiques 2024, peut gonfler «de manière excessive les pouvoirs de police en élargissant l’arsenal des équipements de surveillance de façon permanente», alerte Amnesty. Un risque qui vient s’ajouter aux restrictions de la liberté de manifester, d’après L’ONG domiciliée à Londres.

Le rapport a évoqué les heurts lors de manifestations pour s’opposer à la réforme des retraites, au projet de mégabassine (réservoirs d’eau) ou en signe de solidarité avec les Palestiniens –enfin, le peu de rassemblement qui ont été autorisées. Les autorités ont utilisé de manière «abusive à la force dans le maintien de l’ordre», fustige Amnesty, mentionnant «des dispersions violentes et des matraquages aveugles». Un problème chronique en France qui a été abordé à l’ONU à deux reprises en 2023.

«Il y a un déni qui reste très fort sur la question des discriminations systémiques par les forces de l’ordre (…), un déni qui reste très fort aussi sur l’impact des discours racistes et stigmatisants qui concernent les personnes musulmanes en France», commente Nathalie Godard, directrice de l’Action d’Amnesty International France. D’ailleurs on l’a vu avec les attaques publiques du trublion de l’extrême droite Eric Zemmour, qui ont fini pas être condamnées par la Justice.

Au sujet de la liberté d’expression, «on demande depuis des années le fait que ces délits d’apologie du terrorisme soient abrogés dans les lois (…). Il faut limiter la liberté d’expression sur les questions d’appel à la haine, mais l’apologie du terrorisme, c’est une infraction qui est définie de manière extrêmement vague et subjective, et qui donc représente en soi un risque d’atteinte à la liberté d’expression», ajoute Mme Godard…

La chose est illustrée par les condamnations qui ont frappé ceux qui ont osé poser le débat sur la responsabilité d’Israël dans la dégradation de la situation au Moyen-Orient. La cheffe de file des députés de la France insoumise (LFI), Mathilde Panot, est la dernière d’une longue liste à avoir maille à partir avec la Justice depuis que la circulaire du ministre Éric Dupond-Moretti fait parler la poudre. On n’a pas fini d’en entendre parler.

 

 

 

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