Economie

La Pharmacie Centrale de Tunisie est dans une situation financière précaire

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Le directeur général de la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT), Béchir Yermani a déclaré hier, 2 juin 2021, que les réserves en médicaments ont connu une augmentation de 15% sans préciser la période de référence tout en indiquant que les efforts se poursuivent en vue d’assurer la disponibilité des médicaments notamment après la forte demande enregistrée durant la pandémie.

Concernant la pénurie qui touche certains médicaments, Béchir Yermani a indiqué qu’elle est due à des problèmes d’approvisionnement en matières premières et aux coûts élevés de celles-ci. Cette situation a causé, selon le directeur général, une perturbation dans l’approvisionnement de plusieurs types de médicaments à l’échelle internationale.

Le responsable a mis l’accent, entre autres, sur l’indisponibilité de certains médicaments dans les réserves de la Pharmacie centrale pour une période inférieure à 3 mois, alors que pour d’autres médicaments ces réserves sont maintenues à un niveau de 6 plus de mois.

S’agissant de la situation financière de la Pharmacie centrale, Yermani a affirmé que l’organisme a réussi à réaliser une certaine stabilité, mais il a appelé à appuyer financièrement le secteur de la production de médicaments.

Néanmoins, le site officiel de la PCT ne contient aucune publication des états financiers. Ce site contient quelques indicateurs dispersés concernant le chiffre d’affaires, la compensation, le positionnement sectoriel et le résultat comptable. Ces indicateurs ne sont pas actualisés et remontent souvent à un peu plus de trois ans.

La dernière déclaration détaillée qui concerne la pénurie des médicaments a été faite le 27 décembre 2020 par le président de l’association des pharmaciens, Nadhem Chakri, qui a assuré que l’association ne veut plus annoncer les ruptures de stock des médicaments, tellement elles sont devenues nombreuses d’une part, et parce qu’une telle annonce inciterait les malades à se ruer vers les officines pour stocker les médicaments dont ils ont besoin d’autre part.

Chakri a précisé que pas moins de 500 médicaments ont connu des ruptures de stock dans les officines en 2020, dont plusieurs sont des médicaments pour maladies chroniques.

Les professionnels de l’industrie pharmaceutique et plusieurs observateurs pointent des défaillances au niveau du secteur en général et la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) en particulier et dont la dette à ses fournisseurs étrangers dépasse 1 milliard de dinars, selon un rapport de PBR rating élaboré en mai 2019.

Le surendettement colossal des hôpitaux publics pèse lourdement sur la PCT. A cela s’ajoute une contrebande très active de médicaments vers des pays voisins et dont il est difficile d’évaluer le volume exact.

D’après un rapport du ministère des finances publié fin mai 2020, l’endettement de la PCT auprès des banques est à fin 2018 de 335 millions de dinars (MD) pour un capital négatif (-180 MD) consommé par les pertes cumulées estimées à 238 MD. Juridiquement, l’organisme doit passer à la phase de redressement judicaire.

Notons que la PCT est chargée de l’approvisionnement de 47.5% du marché du médicament dans son ensemble en Tunisie et de 100% de l’approvisionnement du secteur public. Elle est appelée, sur le plan réglementaire, à maintenir un suivi des stocks de sécurité (3 mois de consommation) des médicaments.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek