Monde

La revanche du Qatar : Des méga contrats gaziers avec la Chine et l’Allemagne, sur 42 ans

Partager

Loin de l’agitation autour de la Coupe du Monde le Qatar tisse sa toile dans l’économie mondiale et engrange les méga contrats. Doha a fait savoir ce mardi 29 novembre qu’il a scellé avec l’Allemagne un accord sur la livraison de gaz naturel liquéfié (GNL). Ce qui impressionne encore plus c’est la durée de ce contrat : 15 ans. Cela donne une idée sur les montants que va décaisser Berlin pour assurer ses arrières dans cette crise énergétique causée par l’incursion russe en Ukraine..

L’accord paraphé par Qatar Energy et la compagnie américaine ConocoPhillips va dans le sens des “efforts visant à soutenir la sécurité énergétique en Allemagne et en Europe“, a dit le ministre qatari de l’Energie, Saad Sherida Al-Kaabi, lors de l’officialisation du contrat à Doha. Il est stipulé que l’émirat du Golfe fournira à partir de 2026 “jusqu’à 2 millions de tonnes de GNL par an” au terminal gazier dont le chantier a été lancé à Brunsbutell, dans le nord de l’Allemagne, a indiqué le ministre.

A noter que les livraisons seront faites durant “au moins 15 ans” par l’américain ConocoPhillips, partenaire de Qatar Energy dans le développement du champ offshore North Field, le plus gros gisement de gaz naturel de la planète et que le Qatar partage avec l’Iran, rapporte France 24. Cet accord est “une contribution vitale à la sécurité énergétique mondiale“, a commenté le patron de la compagnie américaine, Ryan Lance.

Rappelons que ce gros dossier date de mars 2022. C’est une des réponses des Européens au chantage exercé par la Russie sur son gaz depuis févier 2022. L’Europe ne veut plus dépendre des soubresauts à Moscou. Mais encore faut-il payer le prix pour trouver des alternatives. Berlin au départ rechignait à signer des accords à long terme avec Doha et à financer dans la durée des infrastructures gazières, comme le font les autres gros clients asiatiques. Les Allemands ont finalement cédé devant l’urgence et les tourments infligés par la rudesse des hivers.

La Chine elle n’a pas beaucoup hésité, elle a signé la semaine dernière un accord qui court sur 27 ans pour 4 millions de tonnes par an, des records absolus.

Motus sur les termes financiers de l’accord avec l’Allemagne mais les experts sont formels : si le Qatar a signé aussi vite et pour si longtemps c’est certainement parce que Berlin a payé le prix fort. A noter que l’Allemagne sera livrée à partir de 2026, avec la production des champs North Field South et North Field East, exploités avec des ténors occidentaux tels que le français TotalEnergies et le britannique Shell.

Le Qatar, qui est déjà l’un des géants mondiaux du GNL, devra monter sa production de plus de 60% d’ici 2027 pour se hisser à 126 millions de tonnes par an afin d’honorer ses gros contrats et ceux à venir. “Il y a des discussions très intenses avec les acheteurs européens, et avec les acheteurs asiatiques“, a confié Saad Sherida Al-Kaabi, pointant la “rareté du gaz à venir dans les prochaines années“.

Le “petit” émirat est tellement assailli par les demandes qu’il “n’a pas assez d’équipes pour travailler avec tout le monde, pour répondre à tous les besoins“…

Ici vous n’entendrez pas une once de bruit sur les droits humains, c’est ‘silence on fait du business, du gros’. Même l’Allemagne, qui s’est agitée jusqu’au sommet de l’Etat pour dénoncer les restrictions des libertés au Qatar, ne pipera pas mot cette fois. Idem pour la France, et encore plus pour la Chine dont on connait le peu d’appétit pour les droits de l’Homme. Eh oui, le gaz n’a pas d’odeur. Ainsi va le monde, surtout depuis que l’incursion russe en Ukraine a fait de l’énergie le problème numéro 1 de l’humanité.

 

 

Laissez un commentaire