Il se produit sous nos yeux une reconfiguration complète, un bouleversement total de l’architecture diplomatique en Orient, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Une refonte des liens diplomatiques qui donne des schémas très étonnants et qui choque même par sa fulgurance, sa radicalité. Après le rapprochement historique entre la Turquie et les Emirats arabes unis, qui ne s’entendaient sur rien, le même président turc, Recep Tayyip Erdogan, fait mouvement vers Israël, que pourtant le bouillant président turc ne cessait d’agiter comme l’ennemi historique de tous les musulmans.
Erdogan a mis les pieds dans le plat le lundi 29 novembre 2021, face à la presse : il a l’intention d’opérer un virage «progressif» en direction d’Israël et de l’Egypte. Il a indiqué que la Turquie projette de désigner “les ambassadeurs dans un calendrier défini lorsque nous aurons pris cette décision (…). Nous avancerons progressivement”, rapporte Algérie 360°. Rappelons qu’Ankara n’a plus d’émissaire à Tel Aviv depuis 2018, date à laquelle les troupes israéliennes avaient réprimé dans le sang une manifestation à Gaza…
Fini le temps où Erdogan se faisait le porte-drapeau des nations musulmanes et défendait la veuve et l’orphelin, la crise économique et la fonte sans précédent de la monnaie nationale sont passées par là. Il est maintenant question, ouvertement, de ramasser là où on peut, même s’il faut pour cela jeter aux oubliettes les postures guerrières dictées par les grandes causes internationales. Les autorités israéliennes doivent se frotter les mains, après leur succès éclatant au Maroc…
Le président turc ne s’en tiendra pas à cette main tendue aux Israéliens : «à l’image de la démarche entreprise avec les Emirats arabes unis, nous ferons les pas en avant similaires avec les autres». L’Egypte est la prochaine sur la liste. Rappelons que les deux pays sont en froid depuis la disgrâce du président Morsi, une figure des Frères musulmans qu’appuyait sans réserves la Turquie. Manifestement Erdogan est disposé à faire affaire avec le bourreau de Morsi et de toute la cohorte des islamistes, Abdel Fattah al-Sissi…
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