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L’Afrique du Sud a perdu 53 milliards de dollars de capitaux étrangers à cause de la corruption, les sondages annoncent un séisme aux élections

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Pour la deuxième économie du continent, l’Afrique du Sud, la décrue du flux des capitaux étrangers a commencé il y a plusieurs années. L’économe du pays en dépit de son immense potentiel pâtit des fléaux endémiques qui font fuir les investisseurs étrangers : la corruption qui sévit jusqu’au sommet de l’Etat (le président Cyril Ramaphosa), une crise énergétique chronique (avec des coupures de courant fréquentes indignes du statut du pays) et un opérateur logistique – Transnet – en-dessous des standards internationaux. Toutes ces tares coûtent cher : Les sorties nettes de capitaux étrangers signalés sur le marché des actions sud-africain sont montées à 53 milliards de dollars entre 2016 et 2023, d’après des données dévoilées hier mardi 9 janvier par le Johannesburg Stock Exchange (JSE).

8,3 milliards de dollars de pertes rien qu’en 2023

Dans la seule année 2023 les investisseurs étrangers se sont délestés de 8,3 milliards de dollars d’actions sud-africaines, a indiqué la même source. «Les investisseurs étrangers se sont méfiés de l’Afrique du Sud à la suite d’une série de scandales de corruption, d’une crise énergétique liée au surendettement de la compagnie nationale d’électricité Eskom Holding et d’un effondrement de Transnet, l’opérateur ferroviaire et portuaire public», a précisé Ashish Chugh, gestionnaire de portefeuille chez la société de gestion d’actifs Loomis Sayles.

Selon lui la seule voie pour que les investisseurs étrangers retrouvent un appétit pour les actions sud-africaines est que le gouvernement qui sortira des prochaines élections générales attaque le chantier des profondes réformes économiques pour donner des gages aux marchés. «C’est une année électorale en Afrique du Sud, et nous pensons que la course sera serrée. Le sentiment des investisseurs pourrait s’améliorer si le parti vainqueur introduit des réformes et des politiques fortes pour répondre à leurs préoccupations», a-t-il ajouté.

A noter que les élections générales sont programmées entre mai et août 2024. Le Congrès national africain (ANC) tient toutes les rênes depuis que son leader historique Nelson Mandela a fermé la page sombre de la ségrégation raciale en 1994. Mais voilà, l’ANC n’a tenu aucune de ses promesses. Les Noirs, qui composent 76% de la population, sont toujours aussi pauvres alors que les Blancs gardent la main sur tous les leviers de l’économie. Seule une petite frange de cadres noirs ont pu briser le plafond de verre pour s’imposer dans la classe moyenne.

Mandela doit se retourner dans sa tombe

Le pays est profondément divisé, fracturé socialement, entre des nantis qui se barricadent dans leurs banlieues cossues bunkérisées par des unités sécuritaires privées, et tous les autres qui croupissent dans la misère dans les mêmes ghettos depuis l’apartheid. La violence endémique, l’explosion des crimes de sang, les enlèvements pour demander des rançons et le fléau de la drogue sont nés de cette rancoeur sociale. L’Afrique du Sud est devenue un des pays les plus criminogènes au monde alors que ses inépuisables ressources minières pouvaient offrir un autre destin à sa population.

Le président Ramaphosa, comme tous les autres qui ont succédé à Mandela, n’a matérialisé aucun de ses engagements. La classe dirigeante continue de se vautrer dans la corruption, les détournements, les rapines. Les électeurs pourraient sanctionner sévèrement le gouvernement au prochain scrutin en lui enlevant sa majorité, ce qui n’était jamais arrivé. Les sondages d’opinion sont terribles pour le camp présidentiel. Mais pour le pays ce n’est pas un drame, être obligé de composer avec d’autres formations pour gouverner est peut-être la voie qui apportera le salut.

L’Afrique du Sud a beau être dans les plans des USA, elle a beau taper dans l’oeil des partenaires étrangers pour financer la transition énergétique à coups de milliards de dollars, tant qu’elle n’a pas réglé ses problèmes de fond aucune avancée majeure n’est possible…

 

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