À la veille de la prise de fonction du nouveau gouvernement allemand dirigé par Friedrich Merz, le futur ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, annonce une orientation claire : un durcissement immédiat de la politique migratoire. Objectif affiché : réduire drastiquement les entrées irrégulières et accélérer les expulsions des migrants en situation illégale.
Dans un entretien accordé ce dimanche au journal Bild am Sonntag, Alexander Dobrindt, figure de proue de l’Union chrétienne-sociale (CSU), a dévoilé les contours d’un programme sécuritaire qui entend marquer une rupture avec la ligne de l’ex-chancelier Olaf Scholz. « L’humanité et l’ordre doivent aller de pair. Cela exige de la clarté, de la fermeté et un renforcement du contrôle », a-t-il déclaré, en référence directe aux flux migratoires perçus comme croissants et difficilement maîtrisés.
Pas de fermeture totale des frontières, mais un contrôle « plus rigoureux »
S’il exclut pour l’instant une fermeture totale des frontières, Dobrindt annonce une intensification immédiate des contrôles frontaliers, accompagnée d’une hausse du rythme des expulsions. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale, à la fois nationale et européenne, que le ministère prépare activement afin de garantir une meilleure application du droit d’asile et de limiter les abus.
Le ton est donné : « Il faut réduire le nombre d’entrées illégales. » L’annonce s’inscrit dans un contexte politique particulier, à deux jours de l’élection prévue de Friedrich Merz comme chancelier au Bundestag. Ce dernier, chef du parti chrétien-démocrate (CDU), est perçu comme un dirigeant conservateur déterminé à remettre de l’ordre sur le front migratoire.
Une ligne dure assumée par la nouvelle coalition
Torsten Frei, pressenti pour diriger la Chancellerie, a lui aussi confirmé que le renforcement des contrôles frontaliers interviendrait dès le premier jour du nouveau gouvernement. Cette coordination entre les têtes d’affiche du futur exécutif illustre une volonté ferme d’imposer rapidement un nouveau cap sécuritaire.
Cette nouvelle orientation intervient alors que l’Allemagne a connu, ces dernières années, une hausse continue des demandes d’asile, qui alimente un débat public vif et parfois polarisé. En 2023, le pays a enregistré plus de 330 000 premières demandes, un chiffre en forte augmentation par rapport aux années précédentes, ravivant les tensions au sein de l’opinion et des partis politiques.
Une rupture avec l’héritage Merkel et Scholz
Le gouvernement Merz semble vouloir tourner la page des politiques jugées trop laxistes par une partie de l’électorat. Angela Merkel avait ouvert les portes à plus d’un million de réfugiés en 2015, tandis qu’Olaf Scholz avait tenté d’équilibrer fermeté et humanité sans endiguer totalement le phénomène. Aujourd’hui, la nouvelle majorité assume un tournant plus strict, soutenue par une base conservatrice soucieuse de sécurité intérieure et de stabilité sociale.
Mais cette volonté de fermeté pourrait poser des défis sur le plan européen, alors que les débats sur un pacte migratoire commun restent complexes et que certains partenaires comme l’Italie ou la Grèce appellent à davantage de solidarité.
Ainsi, avec l’arrivée imminente de Friedrich Merz à la chancellerie, l’Allemagne s’apprête à revoir en profondeur sa politique migratoire, en privilégiant le contrôle, l’expulsion rapide et la coordination européenne. Reste à savoir si cette ligne plus dure saura répondre aux enjeux migratoires sans attiser les tensions sociales déjà vives dans plusieurs régions du pays.
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