Economie

Le gouvernement n’aurait pas dû marcher sur les plates-bandes de Marouane Abassi

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Le ministre de l’Emploi et porte-parole du gouvernement, Nasreddine Nsibi, a fait savoir ce lundi 19 septembre que l’accord signé avec l’UGTT sur les hausses salariales est le dernier élément pour boucler le dossier que la Tunisie a remis au Fonds monétaire international (FMI). Il a indiqué que Tunis a coché toutes les cases soumises par l’institution internationale et que la prochaine réunion du Conseil d’administration examinera les requêtes de la Tunisie…

Bon, ça on le savait un peu depuis la dernière note de l’agence Fitch Ratings, confirmée hier dimanche 18 septembre par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi. Ce qui est nouveau ce sont les indications du porte-parole du gouvernement sur le contenu de l’accord avec le FMI, des précisions qui s’écartent un peu de ce qu’a déclaré Abassi. Et çà ça fait tache sur une affaire de cette importance…

Alors que le gouverneur de la BCT a évoqué le chiffre de 2 à 4 milliards, Nsibi affirme, rapporte la TAP, que les négociations ne portent pas sur une somme précise, mais sur un paquet de projets qui cherchent financements…

Ici il faut s’arrêter une seconde : Quel que soit le volume des projets présentés, il faut bien, à tout le moins, des estimations chiffrées pour que les négociateurs aient un support pour discuter sérieusement. C’est comme ça que ça se passe. Donc si Abassi a avancé cette fourchette c’est bien parce qu’il estime que c’est une bonne base pour conclure un accord, ce qui motivera les autres bailleurs

Par ailleurs le gouverneur de la BCT, rompu aux arcanes de ces discussions à haut niveau, bien avant que cette cohorte de ministres soient aux responsabilités, sait mieux que tout le monde qu’au regard des problèmes conjoncturels très lourds de la Tunisie, 2 à 4 milliards de dollars seraient déjà un excellent début. Surtout pour un pays qui a épuisé tous les recours et n’a concrètement aucune garantie à offrir, et encore moins des réalisations – réformes – qu’on peut jauger…

Quand le porte-parole du gouvernement dit que les débats sont centrés sur des projets et non des prêts stricto sensu, ça tombe sous le sens, d’ailleurs le patron de la BCT ne dit pas le contraire. Les prêts c’est bel et bien pour financer des projets, des programmes, des réformes. Le gouvernement est même obligé de se mettre à ce niveau pour ne pas nourrir le soupçon que le crédit sera, une fois de plus, aspiré par les dépenses de fonctionnement – les salaires du public essentiellement…

C’est d’ailleurs ce que Tunis cherche à vendre en ce moment même aux investisseurs saoudiens, puisque le FMI ne pourra jamais lui avancer les quelque 19 milliards de dinars dont il a besoin pour boucler son budget…

Peut-être que le gouvernement est gêné par cette pluie de commentaires sur ces prêts qui assomment le pays et les générations futures, sans que ça crée la moindre richesse, ou presque. C’est peut-être ce qui explique cette sortie de Nsibi. Mais encore fallait-il ne pas gêner Abassi en lui faisant dire ce qu’il n’a pas dit et surtout en donnant l’impression désastreuse qu’il y a cacophonie au sommet de l’Etat…

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