Economie

Le programme de réformes gouvernemental crée un climat social tendu

Le programme de réformes gouvernemental crée un climat social tendu

Le programme de réformes gouvernemental annoncé récemment comprend des mesures économiques douloureuses qui aggraveront les conditions déjà précaires de millions de Tunisiens qui vivront, en cas de mise en œuvre des réformes, d’autres années difficiles qui prédisent une plus grande érosion de la classe moyenne, une hausse des prix et l’expansion de la pauvreté.

Ce programme de réformes entend lever les subventions des produits de base, geler les recrutements et réduire les investissements publics.

Risque d’explosion sociale

Dans ce contexte, un dialogue national a été lancé samedi dernier, en vue de l’organisation d’un référendum sur une nouvelle constitution le 25 juillet, dans le but de sortir de la crise politique que traverse le pays depuis une décennie.

La réforme du système des subventions est l’un des dossiers les plus importants que les gouvernements successifs n’ont pas pu traiter depuis de nombreuses années.

Toutefois, ce dossier socialement épineux est sur le point d’être démantelé une fois pour toutes, malgré ses dangers pour la paix sociale et les mises en garde contre son impact sur le pouvoir d’achat des citoyens.

On déplore, à cet effet, l’ambiguïté de la vision du gouvernement concernant la constitution d’une base de données des bénéficiaires des subventions, de manière directe, en raison de l’absence d’un inventaire clair de ceux-ci, d’une part, et la non-adoption d’un identifiant social unique, à ce niveau, d’autre part.

Le dilemme de la subvention des produits de base

Le programme de réformes publié par le gouvernement sur les réseaux sociaux révèle la suppression progressive des subventions aux carburants et aux produits alimentaires de base entre 2023 et 2026, qui seront vendus à prix réels, ainsi que la réduction des recrutements dans le secteur public dans le cadre de ce qu’il est décrit comme un plan de réforme visant à réduire les dépenses pour faire face à la crise financière sévère qui secoue le pays.

Cependant, plusieurs observateurs affirment que les Tunisiens ne sont pas prêts à supporter ces réformes douloureuses, estimant que l’éventuelle application du programme gouvernemental sera très impopulaire pour de nombreuses considérations, outre les réserves de fond et autres à caractère technique qui sont émises notamment par l’Union générale tunisienne du travail qui considère que le gouvernement a d’autres solutions, mais préfère la plus facile à savoir la levée des subventions.

Plusieurs études, rapports et expériences comparées confirment que le gouvernement ne peut faire aboutir aucun programme de réforme sans une appropriation sociétale du projet, notamment son acceptation par les organisations nationales.

Plusieurs observateurs considèrent que le programme de réformes du gouvernement aggravera la pauvreté dans une conjoncture sociale déjà difficile.

Cependant, le gouvernement a indiqué qu’il est en train de finaliser un plan de soutien financier aux classes pauvres et moyennes pour compenser les augmentations des prix des produits couverts par les subventions, expliquant qu’il est en train d’inclure 40 000 nouvelles familles dans le programme de sécurité sociale, permettant à 310 000 familles d’obtenir une aide dans le cadre du plan de soutien aux familles nécessiteuses.

La levée des subventions priverait les pauvres de l’accès aux denrées de base 

La réforme de ciblage des subventions s’insère dans un contexte national caractérisé par un resserrement des contraintes budgétaires d’une part, et d’autre part par la recherche d’une efficacité accrue pour le système des subventions en tant que moyen de lutte contre la pauvreté, vient d’indiquer un rapport récent de l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Qualitatives (ITCEQ).

Le débat sur le ciblage des subventions est essentiellement concentré sur les effets attendus en terme redistributif c’est à dire les effets sur la pauvreté et les disparités entre catégories sociales en termes de revenus et de niveaux de consommation, souligne le rapport.

Toutefois, les principales craintes exprimées dans ce débat se rapportent aux risques liés aux erreurs d’exclusion ou d’inclusion dans les dispositifs de ciblage. Si l’on tient compte de l’ensemble des dimensions dans lesquelles le système des subventions alimentaires est directement ou indirectement impliqué, l’analyse basée sur les seuls effets sur les grandeurs sociales s’avère limitée et ne donnant pas une pleine vision de l’ensemble des effets que la réforme est susceptible de générer.

Au-delà du cadre d’analyse préconisé, l’ITCEQ affirme que le ciblage par distribution directe de revenus aux catégories nécessiteuses pourrait conduire à des effets compensatoires qui s’estampent au fil du temps. Ceci est surtout le cas si les prix des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux reprennent une trajectoire haussière et continue à tel point que des révisions possibles des transferts compensatoires serait envisageables.

Si, d’un autre côté, un accès facile et bon marché aux services de base n’est pas disponible, la révision à la hausse des compensations serait dans ce cas inévitable. Ainsi, une autre manière pour pérenniser la réforme de ciblage serait d’opter pour un ciblage par les investissements plutôt que par la distribution de revenus. Ceci concernerait surtout les investissements visant à améliorer la qualité et l’efficience des services publics de base tels que les transports publics ; la santé ; l’éducation…etc.

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