L’observatoire national de l’agriculture (ONAGRI) vient d’indiquer dans un bulletin statistique que le 4 octobre courant, les réserves en eaux dans les barrages les plus importants de la Tunisie (10) sont estimées à 677 millions de m3 contre 1089,132 millions de m3 en moyenne durant les trois dernières années le même jour soit un écart négatif de 410,288 millions de m3.
La capacité globale des 36 barrages tunisiens s’élève à 23337 millions de m3, souligne l’observatoire. Ainsi, les statistiques montrent que le taux de remplissage de l’ensemble des barrages tunisiens ne dépasse pas les 29%, à la date du 4 du mois en cours.
Le taux de remplissage varie d’un barrage à l’autre, d’après l’ONAGRI. Cependant les taux de remplissage de plusieurs barrages importants sont très faibles à l’instar de Sidi Saad (24%), Joumine (23%), Sidi Salem (17%), Siliana (6%) et El Houerab (0%).
Toutefois, selon plusieurs experts, le discours sur la « pauvreté en eau », en Tunisie est loin de la réalité. D’après les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche Maritime, publiés en 2019, on évalue les ressources en eau de la Tunisie à environ 5 milliards de m3. L’agriculture s’approprie de 80% de l’eau prélevée, l’industrie 5%, le tourisme 2%, et 13% pour usage domestique.
Sous cet angle, plusieurs spécialistes affirment que la majorité des ressources en eau va à l’irrigation et à l’exploitation agricole, avec un taux d’environ 80% et considèrent que l’État a investi des moyens techniques, financiers et humains considérables afin d’encourager la mise en place de périmètres irrigués à forte intensité de production pour exporter des produits agricoles gourmands en eau donc, tout simplement, pour exporter une ressource rare et mal gérée qui est l’eau.
A tous ces problèmes, s’ajoute le gaspillage de l’eau qui est en partie causé par l’état des infrastructures puisqu’aucune infrastructure hydraulique n’a été construite depuis 2012 et les réseaux de distribution d’eau sont de plus en plus mal entretenus. Par exemple, les barrages perdent environ 20% de leur capacité de stockage en raison de la sédimentation et du manque d’entretien, selon plusieurs études spécialisées.
D’après les chiffres du Centre de recherches et de technologies des eaux, le pourcentage d’eau gaspillée est aux alentours de 30% pour les réseaux de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) et dépasse 40% dans les canaux d’irrigation agricole.
La fragilité de la situation hydrique de la Tunisie et la dépendance de son économie de l’eau de pluie est, également, aggravée par les effets directs et indirects du changement climatique sur les secteurs d’activités fortement dépendant de l’eau et sur les écosystèmes déjà fragilisés par les pollutions anthropiques diverses. Les projections climatiques simulées par l’Institut National de la Météorologie indiquent qu’en considérant un scénario moyen, on verra une augmentation de la température de plus de 1 degré d’ici 2050 et de plus de 2 degrés d’ici 2100, tandis que les précipitations pourraient diminuer de 20% d’ici 2100. Les phénomènes extrêmes comme les inondations, les sècheresses et les vagues de chaleur devraient devenir plus fréquents.
En attendant, de vraies « réformes » de la gestion de l’eau, le ministère des affaires religieuses a appelé, récemment, les directeurs régionaux relevant de sa tutelle à coordonner avec les autorités régionales et les imams en vue d’organiser la « prière El Istisqa » (prière de la pluie), dans les plus brefs délais.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires