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Les très petites et moyennes entreprises tunisiennes lâchées par les banques

Les très petites et moyennes entreprises tunisiennes lâchées par les banques

La continuité de l’activité de la plupart des entreprises tunisiennes et particulièrement les grandes oubliées parmi elles qui sont les très petites et moyennes entreprises (TPME), est gravement compromise.

Le risque de déliquescence du tissu entrepreneurial devient intense et majeur.

Certes, la conjoncture exceptionnelle actuelle marquée par les ravages du Covid-19 a contribué au drame des entreprises mais l’improvisation, les mesures peu efficaces pour les soutenir sont en grande partie à l’origine de leurs difficultés.

En effet, une étude récente intitulée «Impact du Covid-19 sur les entreprises tunisiennes» réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) a montré que le chiffre d’affaires de 96% des entreprises est impacté et que 67% ont des difficultés financières. 44% des entreprises ont annulé des commandes pour l’exportation.

Toutefois, une autre étude du même institut s’articulant autour de la « Mesure d’impact de la propagation de la pandémie (Covid-19) sur l’emploi » publiée au début de cette semaine évoque des résultats angoissants.

Selon l’étude, 47% des entreprises, tous secteurs confondus, ont fermé leurs portes. La diminution des postes d’emploi prévue par presque 42% des chefs d’entreprises s’élève en moyenne à 30%, au moins dans les 3 prochains mois.

Malheureusement et en dépit du fait que les entreprises ont actuellement et plus que jamais besoin de financements d’accompagnement, plusieurs banques qui viennent déjà proclamer leur gloire en annonçant des évolutions à deux chiffres de leurs résultats ne montrent aucun signe pour atténuer la crise de trésorerie des entreprises, surtout les TPME.

Dans ce contexte, le chef du gouvernement s’est entretenu, mercredi 29 courant par visioconférence avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et nombre de dirigeants de banques tunisiennes.

Il a appelé la BCT et les responsables des banques à entreprendre un effort supplémentaire pour réduire le coût de la dette, à accélérer la prise en compte des demandes de prêt et de rééchelonner les dettes pour accompagner les entreprises dans cette situation difficile et enfin à promouvoir et soutenir les investissements productifs au détriment des investissements à court terme.

Il paraît que l’intervention du Chef du gouvernement vient après les réclamations multiples de plusieurs organisations professionnelles, à ce sujet.

D’ailleurs, M. Tarek Ben Jazia, Secrétaire général de l’observatoire des services financiers vient de déclarer mardi dernier que plusieurs banques « tardent » à appliquer des circulaires de la BCT et utilisent même des méthodes ambiguës notamment en ce qui concerne le report des échéances des crédits, malgré la détresse de leurs clients.

Il a rappelé, à titre indicatif, que les commissions bancaires augmentent annuellement de 8 à 9% et que celles-ci ont enregistré une hausse de 82% par rapport à 2010, année de base de calcul de leur évolution glissante.

Cette augmentation n’est pas justifiée du fait que les services rendus n’ont pas profité à la clientèle surtout en matière de digitalisation, bien que certains établissements de crédit fournissent des efforts pour faire évoluer leur système d’information, selon son évaluation.

Il paraît clair que parallèlement aux difficultés subies par les très petites et moyennes entreprises à cause de la crise du Covid-19, les dettes et les profits des créanciers s’ajoutent à leur souffrance et menacent des milliers de travailleurs, au grand bonheur des contrebandiers, des barons de l’informel et de l’économie du « bazar » et leurs compères.

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