Economie

Les Tunisiens empruntent moins : recul notable des crédits non professionnels en 2024

Les Tunisiens empruntent moins : recul notable des crédits non professionnels en 2024

Le total des encours des crédits bancaires non professionnels octroyés par les banques commerciales tunisiennes aux personnes physiques s’est élevé à 29,298 milliards de dinars à fin décembre 2024, contre 28,729 milliards de dinars à la même période en 2023. Cela représente une hausse modérée de 569,3 millions de dinars, selon les données publiées par la Banque centrale de Tunisie (BCT).

En comparaison, l’augmentation annuelle des encours de crédits avait atteint 851 millions de dinars entre décembre 2022 et décembre 2023, ce qui met en évidence une dynamique de ralentissement dans l’octroi de crédits non professionnels.


Crédits immobiliers : une stagnation quasi totale

L’encours des crédits non professionnels destinés à l’achat de logement a légèrement progressé, passant de 12,853 milliards de dinars à fin 2023 à 12,911 milliards de dinars en 2024, soit une hausse marginale de 58 millions de dinars.

Fait notable, ces crédits ont même connu un recul de 20 millions de dinars entre novembre et décembre 2024, traduisant une forme d’essoufflement de la demande.


Les crédits pour amélioration de l’habitat détournés à des fins de consommation

L’encours des crédits dédiés à l’amélioration de l’habitat s’est établi à 10,955 milliards de dinars à fin 2024, contre 10,751 milliards un an auparavant, soit une progression de 204 millions de dinars.

Cependant, une grande partie de ces crédits est en réalité utilisée pour financer des dépenses de consommation, en raison de la difficulté croissante à obtenir des crédits strictement dédiés à la consommation, notent plusieurs observateurs.


Consommation : des crédits plus coûteux mais toujours sollicités

Les crédits à la consommation proprement dits ont atteint 5,010 milliards de dinars à fin décembre 2024, contre 4,703 milliards à la même date en 2023, soit une hausse de 307 millions de dinars.

Le rythme de croissance reste toutefois modéré, selon l’analyste financier Bassem Naifer, qui attribue ce ralentissement à la hausse des prix et à une augmentation significative du coût de l’endettement, résultant de taux d’intérêt bancaires élevés.


Automobile : les crédits bancaires délaissés au profit du leasing

Les crédits bancaires destinés à l’acquisition de véhicules ont chuté à 406,9 millions de dinars fin 2024, contre 408,8 millions un an plus tôt, accusant un recul de 1,9 million de dinars.

Cette baisse, qualifiée de « notable » par Naifer, incite de nombreux Tunisiens, y compris des professionnels, à se tourner vers les sociétés de leasing, qui offrent des procédures plus souples et rapides que les banques pour l’octroi de crédits auto.


Un coût du crédit de plus en plus dissuasif

Pour Bassem Naifer, la baisse du différentiel annuel de croissance des crédits – 569 millions de dinars en 2024 contre 851 millions en 2023 – s’explique par deux facteurs principaux :

  • La contraction de la consommation des ménages

  • Le maintien de taux d’intérêt bancaires élevés, en lien avec la politique monétaire restrictive visant à maîtriser l’inflation.

« La hausse continue du coût de la vie dépasse celle des salaires en Tunisie, ce qui limite la capacité d’endettement des ménages », explique-t-il.


L’achat de logement reste hors de portée malgré des mesures fiscales

En ce qui concerne le logement, l’analyste souligne que la hausse minime de l’encours des crédits immobiliers reflète les difficultés croissantes du secteur de la promotion immobilière. En cause : la flambée des prix de l’immobilier et des taux d’intérêt prohibitifs, qui freinent les acquisitions.

Et ce, malgré la réduction de la TVA à 7 % sur les logements neufs, introduite par la Loi de finances 2025, qui ne semble pas suffire à relancer le marché.

une consommation rationnée, un recours au crédit réévalué

Face à un contexte économique tendu, marqué par un pouvoir d’achat en érosion et un coût du crédit élevé, les Tunisiens tendent à réévaluer leurs priorités en matière de recours à l’endettement. Les crédits bancaires non professionnels stagnent ou reculent, à l’exception de quelques segments, ce qui reflète un environnement globalement défavorable à la relance par la consommation.

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