Economie

Les vérités du président du Cercle des financiers, que personne n’ose dire

Les vérités du président du Cercle des financiers, que personne n’ose dire

Une bouffée d’oxygène pour les finances tunisiennes, et vite ! À en croire le président du Cercle des Financiers Tunisiens (CFT), Abdelkader Boudriga, ce n’est pas pour aujourd’hui ni pour demain. Il a déclaré qu’il ne faut pas s’attendre à obtenir quelque chose de la part du Fonds monétaire international (FMI) en avril, à cause des déflagrations de l’invasion de l’Ukraine par la Russie…

Si Boudriga a un conseil à donner à l’exécutif tunisien c’est celui-ci : «Nous devons passer à la loupe les décisions à prendre pour les 10 prochaines années, et pas se contenter de plancher sur les salaires de l’année 2022. L’assainissement de la situation des entreprises publiques ne peut pas à lui tout seul constituer un programme économique. Nous devons nous projeter vers l’avenir», a déclaré le président du CFT ce lundi 28 février sur la radio publique.

Il s’est interrogé sur le plan soumis à l’institution internationale lors de sa visite virtuelle. «A-t-on transmis le plan fuité en décembre 2021 ? Ce document table sur un taux de croissance de 2,5% et 3%. Ce taux n’est pas à la hauteur de la situation et ne satisfera pas les attentes du peuple tunisien. Il nous faudra faire plus et mieux. Nous n’avons pas pu poser sur la table le départ de nos compétences pour l’Europe», a-t-il indiqué…

Puis, très sévère en direction de la captation des compétences tunisiennes par les pays européens, il a déclaré que ces nations aspirent ces talents pour corriger le vieillissement de leurs populations. «La Tunisie a beaucoup dépensé pour fermer personnes. Comment résorber ce trou ? On ne parle pas de quelques dizaines. Nous devons faire valoir cette donne dans les négociations…

La Tunisie est obligée de contracter des prêts à un taux aux environs de 15% et à 12% si elle conclut un accord avec le FMI. Par ailleurs le Maroc emprunte à des taux de 3% et 4%, la Côte d’Ivoire à 6% et 7%. La Côte d’Ivoire a-t-elle une meilleure situation que la Tunisie ? Non, c’est nous qui avons fait le choix d’entrer dans le cercle infernal de l’endettement. Les bailleurs de fonds nous ont approchés en 2012 et en 2013. Ils ont favorisé la mauvaise gestion de dons et prêts en continuant à décaisser pour la Tunisie», a déploré le président du CFT…

Au sujet du gonflement de la masse salariale, il a souligné la montée des dépenses publiques (impôts et couverture sociale) qui va avec. Il a évalué ce poste de dépense à près de 2 milliards de dinars par mois. «En dépit de la montée de la masse salariale, le niveau de vie et le pouvoir d’achat se sont dégradés, car on n’a rien fait pour la création de richesse. Personne n’a pris en main la classe moyenne. Sa situation s’est détériorée ces dernières années“, a dit Boudriga…

Il a pointé les périls financiers du moment. Il est d’avis que la Tunisie ne doit pas se priver du marché national, par contre il faut fermer la porte aux prêts en devise à cause de la crise économique. Selon lui les prêts du marché intérieur font moins de dégâts que les crédits étrangers. Toutefois le président du CFT déplore l’usage qu’on en fait : “De l’argent juste pour boucler le budget de l’Etat et pas pour investir»…

Au sujet de l’assaut de la Russie en Ukraine, il a suggéré de mettre en place une cellule de crise pour scruter l’impact économique de ce conflit. “Contrairement aux nations européennes, aucun rapport n’a été élaboré en Tunisie sur les retombées de cette montée de tension», regrette Boudriga.

Enfin à propos des réformes, il a affirmé qu’aucune correction majeure n’est apportée, idem pour des politiques publiques salvatrices. Il a ajouté qu’on fait du neuf avec du vieux dans le montage des structures et le lancement des procédures…

 

 

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