L’économie sociale et solidaire (ESS) en Tunisie, érigée en préoccupation prioritaire dans le plan de développement 2016-2020, se trouve à un tournant décisif, portant en elle des opportunités significatives et des défis à surmonter.
Il est important, à ce titre, d’explorer les conditions nécessaires pour que l’ESS émerge comme un troisième secteur à part entière, offrant une alternative de gestion de la chose publique et un vecteur d’innovations sociales.
Une force économique mondiale
À l’échelle mondiale, l’ESS se positionne comme une force économique et sociale significative, se classant au sixième rang mondial en termes de valeur ajoutée. En 2015, les 300 premières coopératives et mutuelles ont généré un chiffre d’affaires de 2 500 milliards de dollars USD.
Ce secteur a créé plus de 250 millions d’emplois à temps plein ou partiel, représentant 12% de l’emploi total dans les pays du G20. En Tunisie, cependant, malgré une ouverture politique accrue depuis la révolution, le secteur de l’ESS reste fragmenté et sous-développé, contribuant à moins de 1% du PIB.
De l’assistanat à la participation citoyenne
L’ESS représente une transition majeure dans l’approche de l’action publique en Tunisie, passant d’une démarche d’assistanat à une approche de participation et de responsabilisation citoyenne.
Elle offre la possibilité à chaque citoyen de devenir un acteur du changement économique et social, investissant tous les espaces pour favoriser une croissance durable, une prospérité équitablement partagée, et une justice économique et sociale accrue. Les citoyens, au lieu de dépendre de l’emploi public et des investissements privés, prennent l’initiative de créer leur propre richesse à travers des entités participatives d’utilité sociale.
Pallier la centralisation
En Tunisie, c’est l’État et les organismes publics centraux qui assurent les fonctions essentielles de développement au niveau des régions : programmation des investissements publics, gestion du développement économique, social, urbain et culturel. Tout est conçu à partir du centre et répercuté, ensuite, sur les régions.
La fragmentation décisionnelle et de coordination et la lourdeur administrative constituent des défis pour booster davantage le développement régional. Fortement enracinées dans les territoires, les organisations de l’ESS peuvent jouer un rôle complémentaire important, à ce niveau, d’implication des acteurs économiques dans les régions, à condition que le secteur soit préalablement institutionnalisé et que les entités fonctionnent selon les critères et les valeurs de l’entreprise sociale et solidaire.
Vers une nouvelle dynamique économique
La Tunisie, avec une création nette annuelle d’entreprises acceptable, voit dans l’ESS une opportunité de stimuler la création d’emplois et la richesse, tout en favorisant des activités à forte valeur ajoutée. La nouvelle loi sur l’ESS adoptée en 2018 est un pas significatif vers la création d’un environnement favorable à un modèle économique plus équitable et centré sur l’humain. En Tunisie, le nombre d’entreprises sociales et solidaires (ESS) a augmenté en raison d’une plus grande ouverture.
Actuellement, le secteur de l’ESS comprend environ 22350 structures (Associations, Coopératives, SMSA, GDA, Mutuelles) employant près de 21000 travailleurs, ce qui contribue à moins de 1% du PIB de la Tunisie.
Comparativement, en France, l’ESS contribue respectivement à 10% du PIB et à 10,3% de l’emploi. Mais la situation évolue à outre mesure et l’on dénote une prise de conscience du potentiel du secteur de l’ESS pour combler les insuffisances des investissements du secteur privé et pallier au manque de ressources à cet égard. Ce fait a été confirmé par l’adoption d’une nouvelle loi sur l’ESS en 2018 qui vise à créer un environnement favorable à un modèle économique plus équitable et centré sur l’humain.
L’ESS en Tunisie, malgré ses défis actuels, offre un potentiel considérable pour remodeler le paysage économique et social. Pour qu’elle devienne un troisième secteur dynamique, il est impératif de renforcer sa reconnaissance par des actions concrètes, d’institutionnaliser le secteur et de créer des conditions propices à sa croissance. En embrassant l’ESS, la Tunisie peut ouvrir la voie à une économie plus inclusive, participative et durable.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires