Une alliance stratégique entre Oman et l’Europe
La signature d’un accord historique entre Oman et les Pays-Bas, en avril 2025, marque un tournant stratégique dans la géopolitique de l’énergie propre. À travers la création du premier corridor commercial mondial d’hydrogène vert liquéfié, reliant le port de Duqm à Amsterdam, puis aux grands pôles industriels allemands et européens, Muscat s’impose comme un acteur central de l’économie décarbonée mondiale.
Ce projet s’inscrit pleinement dans la vision Oman 2040, qui vise à diversifier l’économie nationale, à réduire sa dépendance au pétrole et à positionner le Sultanat comme une plateforme logistique et énergétique de premier plan.
De la production à la distribution : une chaîne complète
Le corridor énergétique, conçu pour être opérationnel à partir de 2029, repose sur une architecture industrielle et logistique solide :
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Production : elle sera assurée dans la zone économique spéciale de Duqm à partir de projets d’énergies renouvelables à grande échelle.
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Transport : le gaz sera liquéfié sur place, puis transporté par des navires spécialisés développés par la société européenne Ecoloog.
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Conversion : à son arrivée au port d’Amsterdam, l’hydrogène liquide sera regazéifié.
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Distribution : il sera ensuite injecté dans les réseaux européens de gaz, les lignes ferroviaires et les voies fluviales jusqu’aux pôles industriels de consommation.
Parmi les partenaires clés figurent côté omanais : Hydrom (agence nationale de coordination de l’hydrogène), OQ Group, et le port de Duqm ; côté européen : Royal Vopak, le port d’Amsterdam et des entités affiliées à l’UE via RFNBO (Renewable Fuels of Non-Biological Origin).
Un projet structurant pour l’économie omanaise
Le ministre omanais de l’Énergie, Salm ben Nasser Al-Aufi, a qualifié ce projet de “point de bascule stratégique” pour son pays. Selon lui, il ne s’agit pas uniquement d’une opération d’exportation, mais d’une réorganisation complète du tissu économique et industriel autour de l’hydrogène vert.
De son côté, la ministre néerlandaise du Climat, Sophie Hermans, a souligné l’importance du projet pour la sécurité énergétique européenne, saluant l’expertise réglementaire et la rapidité d’exécution d’Oman. Elle a précisé que 22 entreprises internationales sont déjà engagées dans le développement de projets pilotes dans les régions d’Al Wusta et Dhofar.
Oman, un pôle mondial de l’hydrogène vert en devenir
Depuis 2022, Oman s’est doté d’une stratégie nationale ambitieuse, avec la création de Hydrom, la mise à disposition de plus de 50 000 km² de terrains pour le développement du secteur, et le lancement de cycles d’investissement ouverts à des consortiums mondiaux.
Selon le cabinet de conseil IRENA, Oman pourrait investir plus de 140 milliards de dollars d’ici 2050 dans cette filière, et produire jusqu’à 3,75 millions de tonnes d’hydrogène vert par an, soit près de 8 % du marché mondial estimé.
Pour l’économiste omanais Khalfan Al-Touqi, cette trajectoire place Oman à la fois comme producteur stratégique et comme hub logistique pour l’hydrogène vert régional, notamment en accueillant l’hydrogène en transit depuis d’autres pays du Golfe.
Une plateforme industrielle intégrée à Duqm
La vision omanaise ne s’arrête pas à l’export. Le port de Duqm, en cours de transformation, est appelé à devenir une zone industrielle intégrée avec :
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La fabrication d’équipements liés à l’hydrogène
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La production d’ammoniac et de méthanol verts
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Des centres de recherche et développement pour l’innovation technologique
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Une plateforme numérique nationale “Ghad” pour gérer les flux d’investissements et la traçabilité de l’hydrogène
L’objectif : générer des milliers d’emplois directs et indirects, former les jeunes Omanais, et intégrer durablement le pays à la chaîne mondiale de valeur de l’énergie verte.
Une percée géostratégique et environnementale
Alors que l’Europe cherche à diversifier ses sources d’énergie et à renforcer son autonomie énergétique post-crise ukrainienne, ce partenariat avec Oman tombe à point nommé. Il permet non seulement de sécuriser l’approvisionnement énergétique bas carbone, mais aussi de réduire les émissions dans l’industrie lourde européenne.
Avec ce corridor énergétique, Oman se positionne en acteur incontournable de la transition énergétique mondiale, tout en bâtissant un nouveau pilier économique durable, capable de soutenir la croissance nationale pour les décennies à venir.
Ainsi, en lançant le premier corridor d’exportation d’hydrogène vert vers l’Europe, Oman confirme sa transformation en leader régional de l’économie décarbonée.
Ce projet illustre comment une vision stratégique, adossée à des partenariats solides et une infrastructure ambitieuse, peut repositionner un pays sur la carte mondiale de l’énergie du futur.
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